dimanche 6 janvier 2008

D'autres visages encore.

Le quai de gare désert à Aix-les-Bains. Mais où sont passés tous les vacanciers, skis à l'épaule, nez pelé et lèvres graissées que l'on y côtoie habituellement à cette période?

Seule une femme attendait avec moi, tentant de calmer ses deux enfants de dix et douze ans environ. Le trio m'avait déjà frappé lorsque je leur avais demandé, quelques minutes plus tôt, où se trouvait l'entrée de la gare (totalement en travaux): une tout petite femme maigre, aux pieds minuscules, le visage émacié et pâle, miné par la cigarette et peut-être l'alcool. Ses enfants lui ressemblaient beaucoup, pour la pâleur du visage comme pour l'aspect malingre du corps.

J'ai imaginé tout de suite la vie de cette femme, le pourquoi de sa présence ici et de son retour à Lyon: pas le ski assurément. D'ailleurs, ils n'avaient strictement aucun bagage et le vêtement qu'ils portaient ne pouvait guère les protéger du froid. Alors, divorce, partage de la garde des enfants, tentative pour fléchir le père (l'amant?) aux velléités d'indépendance? J'ai vu aussi les enfants en classe, bougeons, irrespectueux, à peine entrés au collège et quasi sur la ligne de touche, prenant déjà le chemin de leur mère.

Et puis le train est arrivé et ils sont montés dans un autre wagon. Je me suis plongé dans ma lecture, égoïstement tout heureux à l'idée de retrouver J. à mon arrivée.

Plus tard dans la soirée, au restaurant, le même visage est revenu: cette fois-ci un homme avec un chien, qui surprenait dans ce cadre. Visiblement un SDF, lui aussi bien marqué par l'alcool. Il buvait calmement une bière, son chien tout aussi calme que lui couché à ses pieds. Lui tournant le dos par ma position à table, je l'ai vite oublié. Mais lorsque nous allions sortir, nous avons assisté à la scène suivante: l'homme était dehors et le patron du restaurant lui en barrait l'entrée, tout ceci sans parole, la porte vitrée étant fermée. Puis le patron est venu cherché le chien et la porte est restée entrouverte. Nous avons pu ainsi entendre la fin de l'échange:
- Si tu veux manger, il faut le dire, mais je n'aime pas qu'on s'y prenne comme ça.
- Ma carte est sur la table.
- J'en ai rien à foutre, de ta carte.
Et l'homme est parti avec son chien, sous la pluie. Intérieurement, j'ai eu mal pour lui, et j'ai lu, dans le blog de J. ce soir, que lui aussi avait été marqué par cette scène.

Ainsi, après les beaux visages de vieillards ruraux, ceux laminés des grands espaces urbains. La vérité me revenait très vite en pleine figure, et tant mieux. Finies les extases bucoliques. La réalité est ailleurs, pour des milliers de gens en ce moment.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Mais la carte à qui, finalement?

Au patron ou au SDF?

Pensez à rédiger un peu mieux mon ami!

Au plaisir de vous lire;

étango