Les lendemains de chimio, elle a une piqûre de cortisone qui la dope. Aujourd'hui, elle allait bien. Après le repas, tour du jardin puis conversation: elle s'installe sur sa méridienne, les pieds engagés sous une couverture et s'endort. Dans le fauteuil, je plonge aussi. Mishima attendra.
Un instant sacré: notre partie de dames chinoises. Trois couleurs chacun. Rituel entre nous. Je lui propose ensuite une courte promenade. Elle accepte, tenant mon bras dans les vignes. Beauté du panorama sur la vallée du Rhône, gâchée en partie par le béton de la centrale nucléaire. De l'autre côté, le Pilat, perdu dans les nuées sombres aujourd'hui. J'ai pensé en arrivant ici qu'il n'y en aurait sans doute plus beaucoup d'autres, de ces promenades. Je n'ai pas pensé à ça pendant que nous marchions.
Le tour du hameau, avec elle à mon bras. Elle n'est pas fatiguée. Heureuse que nous avancions, que nous parlions. Nous remarquons les mêmes choses, détails laids ou beaux des aménagements. Son voisin le plus fruste est celui qui respecte le goût. Il n'a pas besoin de paraître.
Sylvain, son fils, celui qui a joué les quatre-cents coups, qui a disparu, reparu, attrapé le sida, est présent souvent maintenant. Présence discrète et serviable. Il m'a beaucoup touché par sa façon d'être là en se faisant oublier. Lui aussi, il rembourse.
Elle a planté l'hortensia que je lui ai donné à ma dernière visite. Il est déjà couvert de petites feuilles vertes et drues. Elle me dit que je suis son petit frère. Je m'en tire par une pirouette qui la fait rire. Je n'oublierai pas ces mots ni l'endroit où elle me les a dits.
jeudi 14 août 2008
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
1 commentaire:
Cette branche, cette liane, au-dessus, qui s'élance vers le ciel, comme une calligraphie.
Enregistrer un commentaire