La quatrième de couverture de l'édition Folio de cet ouvrage d'Erri de Luca parle de recueil de nouvelles. Je ne suis pas d'accord: ces textes brefs ne sont pas des nouvelles, plutôt des éclats de vie ou des pièces d'un puzzle réunies dans un coin à cause de leur quasi similitude, toutes pouvant convenir à un endroit précis du dessin pour compléter la fresque.
Ils racontent des assemblages, des rencontres, amoureuses ou politiques, contestataires de la fin des années soixante ou sportives dans l'escalade de parois et de sommets. Au milieu se retrouve le père, peintre à ses heures et soudain les yeux secs, ayant perdu la vue, s'imposent la ville et sa baie, le Pausilippe et plus loin la silhouette du volcan, le nord ou la Sicile, un résumé de vie d'un bout à l'autre de la péninsule.
Solitude et alliance, errance et solidarité au gré des rencontres et des évènements. Pas d'intrigues, pas de début et de fin, juste un moment vécu, dans l'effort, la douleur ou le rêve d'un amour pérenne. La construction d'un homme, comme l'assemblage du puzzle.
C'était en août, il y a bien des années, tu étais une épouse, une mère d'enfants petits. Ce soir-là une occasion de chanter, une tablée de personnes en vacances réunies pour une fête et puis deux voitures partent et un petit groupe s'en va continuer la musique sur un instruments à cordes dans une cabane à l'orée du bois. Tu vois, il est en sapin, nous le rapportons chez lui, dis-je de la guitare. Et avant d'arriver à la pièce des troncs, nous serrés l'un contre l'autre dans la voiture, toi tu as cherché ma main sous une couverture et tu l'as gardée. J'ai plissé les yeux pour étrangler le temps. Avec les yeux on y arrive. Quelqu'un se tourne vers nous et dit que le musicien s'est endormi.
J'ai aimé et connu les corps échauffés et pris dans l'enlacement, mais ton geste est un petit drapeau planté sur un sommet en plein vent, là où on ne peut monter vers une plus grande intimité, où celle qu'on a atteinte est inhabitable. De à, il faut descendre. Ça, je sais le dire maintenant. Alors, ta main a été la conjonction "et", la particule qui est entre deux noms et qui les accouple mieux que les étreintes et les baisers. Ta petite main serrée dans la mienne inutilement large, serrée à double tour, nous enfermait tous les deux dedans, tous les autres dehors.
A l'arrivée, je ne voulais pas la quitter, pas moi le premier, tu devais le faire toi? Tu l'as retirée tiède de caresse, tu l'as remise à sa place, en haut du poignet, du corps séparé. (...)
J'en ai mis du temps à me répéter que c'était tout, que ce peu-là portait la pléniitude de l'entier. Je ne comprends pas à temps, j'ai besoin d'aller et de repasser sur l'évidence pour l'admettre et l'oublier.
(Trad. de Danièle Valin.)
lundi 11 août 2008
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