mardi 26 août 2008

Un grand pas en avant.

Un autre grand pas en avant aujourd'hui: j'ai rouvert livres et cahiers. Même effet que lorsqu'on plonge dans une eau trop froide. Il m'a bien fallu deux heures pour y retrouver un quelconque plaisir.

J'ai donc lu tout ce qu'Evelyne m'avait envoyé dans le courant de l'été et effectivement découvert avec elle que ce que nous faisions en latin n'était plus dans la droite ligne des instructions officielles. Pourquoi ce décalage? Sans doute parce que depuis plusieurs années, nous avons beaucoup plus investi sur le français que sur les langues anciennes, avec la mise en route de notre ambitieux projet d'innovation pédagogique.

Il est donc grand temps de rafraîchir un peu notre façon de faire. Je me suis lancé dans la deuxième séquence de quatrième, à partir de rien puisque notre manuel n'est plus conforme aux programmes (et que, de toute façon, nous pourrons encore attendre longtemps avant qu'il ne soit changé!). Quatre heures plongé dans les différents spécimens engrangés dans ma bibliothèque, quatre heures à essayer de bâtir une progression qui ne soit pas que du cache-misère, du tape-à-l'œil destiné à endormir l'inspecteur. J'ai bien trouvé le thème général et les textes appropriés. Il restera à mettre tout cela au propre et à affiner les différentes questions et exercices.

Ce qui m'a le plus surpris cet après-midi, c'est ce que j'ai encore cette année ressenti pendant quelques minutes. Non pas du découragement devant la tâche à accomplir mais l'impression que j'en étais profondément incapable. Le premier contact avec l'école a toujours été celui-là: la terreur. Enfant, il fallait m'y conduire manu militari, pendant que j'ameutais toute la rue de mes cris perçants. Chaque fois que j'ai passé un examen, j'ai été tétanisé par cette sous-évaluation de moi-même. En fac, je considérais les autres comme beaucoup plus intelligents que moi. Ce qui m'a toujours sauvé, c'est ma hargne, mon tempérament entêté.

Aujourd'hui, je sais bien que ce ressenti ne dure pas, et je n'y accorde pas plus d'importance que cela. Je trouve simplement curieux qu'après tant d'années consacrées à l'enseignement et généralement plutôt avec bonheur, j'en sois encore à m'estimer, pour quelques minutes, incompétent.

Mais la joie de construire est vite revenue et, comme d'habitude, j'aurais poursuivi encore des heures, jusqu'à tomber de sommeil, si je ne m'étais pas souvenu à temps que j'avais décidé cette année de ne pas oublier d'être parfois égoïste. Alors voilà: livres et cahiers sont refermés pour ce soir et attendront un peu.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Je veux bien rejouer avec toi la scène dans la rue, histoire de rire un bon coup pour moi et d'exorciser pour toi. Je te tiens par la main et tu hurles tant que tu veux.

Tiens, ça ne te rappelle pas un autre qui hurle en ce moment et qu'on entend dans ta cour ?

Bisous, ne te couche pas trop tard, fais de beaux rêves, à demain peut-être. J.

Calyste a dit…

Chiche!

Anonyme a dit…

Arrêter après 4 heures de préparation alors qu'on tombe de sommeil, pour se décider à enfin aller se coucher : tu parles d'un "égoïsme"....!

Peur, sensation d'être nul devant l'institution scolaire, et les examens. Un autre point commun entre toi et moi. Ou bien est-ce le propre de tous les profs...?

Anonyme a dit…

Dans le cadre de mon travail, seulement dans ce contexte, moi aussi j'ai toujours pensé - et je le pense encore - que les "autres" sont plus doués que moi. Plus jeunes, plus de diplômes, anglais écrit parfait, et pourtant c'est à moi que les tâches les plus difficiles sont confiées. Pourquoi ? Hier premier arrivage. Je demande ce que c'est, de quoi ça parle. "Ce sera dur", mais vous êtes la seule à pouvoir le faire. Menteur. Je proteste, et pour la première fois j'ose expliquer énergiquement que c'est faux, que je suis sensible, pas plus forte que les autres. Trop tard, j'étais déjà priée de rendre mon travail, la semaine prochaine et même plus tôt si possible. Je vais y passer une partie de la nuit, par pure conscience professionnelle et puis après j'aviserai. (Je demande une augmentation de salaire ;-))). Bonsoir cher (très cher) Calyste.

Calyste a dit…

Lancelot et Anna, je suis désolé de ne pas avoir répondu à vos commentaires en temps voulu. D'autant qu'ils me touchent beaucoup par leur sincérité et leur simplicité amicale. Un bisou à chacun aidera-t-il à ce que vous me pardonniez?