En début de sieste, alors qu'à Pékin éclataient les premiers feux d'artifice, coup de téléphone d'un ami paumé.
Depuis plusieurs années, il est séparé de son compagnon avec qui il a passé près de vingt ans de sa vie. La séparation fut houleuse et il préféra quitter sa région d'origine pour gagner Paris.
Il a appris il y a quelque temps que son ancien ami était gravement malade et me téléphonait pour m'exprimer son désarroi: que faire? Il me demandait conseil. Devait-il rompre le silence et le recontacter, au risque d'être mal accueilli? Il ne pouvait se résoudre à ne rien faire et s'est mis à pleurer en m'expliquant son cas de conscience.
Il en a aussi parlé à la psy qui l'aide en ce moment. La réponse fut: "On ne parle pas à des morts." Traduction: téléphonez-lui pendant qu'il est encore temps. J'ai été très touché qu'il ait pensé à moi dans sa détresse. Après tout, nous ne nous sommes pas vus depuis bien longtemps et je suis en revanche en contact régulier avec son ancien ami.
Je lui ai dit que celui-ci, bien que sérieusement malade, n'était tout de même pas à l'article de la mort et que lui, avant de faire quoi que ce soit, devait prendre le temps de la réflexion, se demander en particulier pourquoi il désirait renouer ce fil rompu depuis si longtemps. Si la seule raison était la maladie et le risque de mort à plus ou moins brève échéance, ce n'était pas, selon moi, une raison valable.
Si, en revanche, cette maladie rendait plus actuel un désir ancien de passer outre les anciens conflits et de reprendre, sur un autre plan, une relation qui fut tout de même riche en son temps, cela me semblait plus clair, plus sain, car exempt de culpabilisation de sa part.
J'ai précisé aussi qu'il pouvait être mal reçu et qu'alors, il lui faudrait "avaler" cette déception sans en être trop meurtri, car elle se comprendrait, selon moi. Mais il me semble que l'un et l'autre ne sont pas gens à tirer un trait définitif sur ce qui fut une période importante de leur vie. Les premiers mots seraient sans doute réfrigérants mais la reprise de la relation n'est pas exclue définitivement.
Je ne sais d'ailleurs pas comment ils ont fait tous les deux pour rester sur leur position muette aussi longtemps. Moi, je ne peux pas m'imaginer perdre totalement et définitivement quelqu'un auquel je tiens ou à qui j'ai tenu, sauf par la mort de celui-ci, et encore. Affaire à suivre car, à moi aussi, elle tient à coeur.
vendredi 8 août 2008
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