vendredi 8 août 2008

Terrasse à Rome.

Rapide roman de Pascal Quignard que j'ai lu trop vite sans doute, après les 700 pages de Gore Vidal. Caléidoscope de la vie et mort de Meaume, sculpteur, eau-fortier, de Bruges à Rome, ami de Claude Gellée dit Le Lorrain. Histoire d'amour défiguré. Roman triste, aussi sombre que la manière noire de la gravure. Je découvre un auteur. Je reviendrai chez lui.

En vieillissant il devient de plus en plus difficile de s'arracher à la splendeur du paysage qu'on traverse. La peau usée par le vent et par l'âge, distendue par la fatigue et les joies, les différents poils, larmes, gouttes, ongles et cheveux qui sont tombés par terre comme des feuilles ou des brindilles mortes, laissent passer l'âme qui s'égare de plus en plus à l'extérieur du volume de la peau. Le dernier envol n'est à la vérité qu'un éparpillement. Plus je vieillis, plus je me sens bien partout. Je ne réside plus beaucoup dans mon corps. Je crains de mourir quelque jour. Je sens ma peau beaucoup trop fine et plus poreuse. Je me dis à moi-même: Un jour le paysage me traversera.

Ou encore:
Fournir une raison dévaste l'amour.
Procurer un sens à ce qu'on aime, c'est mentir.
Car aucun être humain n'éprouve d'autre joie que la sensation d'être vivant lorsqu'elle devient intense.
Et il n'y a pas d'autre vie.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Que se passait-il dans ma vie pour que je passe à côté du premier extrait sans le relever ?
Je devais être non poreuse à l'âge...
La porosité d'aujourd'hui est une complétude, une richesse, un terrain à ensemencer encore.
J'ai toujours soif et faim de ce qui reste après discernement.
Intensément.

Et le deuxième extrait ?
Dans la même veine :

"La vie de chacun d'entre nous n'est pas une tentative d'aimer.
Elle est l'unique essai"

Pascal Quignard
("Vie secrète" - Folio)