vendredi 1 août 2008

Symposium.

Un mot qui me plaît, plus par ce qu'il m'évoque que par sa sonorité: le symposium.

Aujourd'hui synonyme de congrès, de réunion de spécialistes sur un sujet précis, il a, dans la langue grecque antique, un sens beaucoup plus festif et convivial. Le "sumposion", en grec ancien (désolé, je ne sais toujours pas où l'on peut trouver l'alphabet grec sur internet), désigne le banquet, puis par extansion les convives invités à ce repas et enfin la salle où il se déroule.

Sur la même racine existe la "sumposia", l'action de boire ensemble, mot que l'on pourrait créer en français: la symposie, et le verbe "sumposiarchéo": être président d'un banquet. .En fançais, cela pourrait donner un "symposiarche".

Moi cela m'évoque d'abord le magnifique sarcophane étrusque exposé à la Villa Giulia, à Rome, oeuvre splendide de terre cuite représentant deux époux couchés au lit de banquet, serrés l'un contre l'autre, heureux, égaux devant le plaisir et réunis pour toujours devant la mort. C'est beau à se mettre à genoux, la pose, les visages, les sandales de fines lanières de la femme, la fragilité de ce chef-d'oeuvre dont le moindre miracle n'est pas qu'il nous soit arrivé intact.

Cela m'évoque aussi les fresques des tombes grecques de Paestum, visibles au musée de ce site, particulièrement la plus émouvante: la Tombe du Plongeur. Ses quatre côtés et son couvercle sont entièrement peints de cinq fresques à même les plaques de calcaire régional. Particulièrement remarquables sont le couvercle et l'un des deux longs côtés.

Le couvercle , d'où la tombe tire son nom, représente un plongeur nu qui, du haut de colonnes, se jette dans la mer, encadré par deux arbustes qui délimitent la scène. Ainsi a-t-on voulu symbolisé la fin de la vie terrestre et le passage vers l'au-delà.

Un des grands côtés montre une scène de banquet particulièrement émouvante pour moi. Les scènes de ce genre sont fréquentes dans les tombes étrusques de Tarquinia ou de Cerveteri, mais celle-ci, datée d'environ 480 av. J-C., me touche plus que tout autre. Par la finesse des traits et la douceur des coloris d'abord, mais surtout par la façon dont le sujet est traité et totalement renouvelé.

Trois hommes jouent au kottabos, jeu après boire qui consistait à lancer le liquide restant au fond de sa coupe sur un objectif précis sans en perdre une goutte. Ce jeu est probablement issu d'une tradition qui voulait que, pour honorer un ami et l'associer à ses plaisirs, on jetât à terre une partie de son vin. Ensuite, cette coutume prit un caractère nettement plus érotique, le buveur désignant ainsi dans l'assemblée celui dont il désirait obtenir les faveurs.

Près d'eux, étendus sur un lit commun, deux amants se regardent tendrement. L'aîné, la bouche sensuellement entrouverte sur un soupir de désir, caresse doucement la nuque du plus jeune qui, de la main, lui effleure la poitrine et semble fasciné par le regard d'amour de l'adulte. Cette scène dégage une telle puissance, une telle aura de volupté qu'un des joueurs a abandonné le jeu pour les observer, à la fois interrogatif et envieux. Cette scène date de vingt-six siècles. Elle nous parle toujours, elle m'émeut toujours.

Voilà ce qu'évoque pour moi le mot "symposium". Pas un rassemblement de cadres dynamiques en costume noir, la mine sinistre, multiples crocodiles dans le même marigot, mais un banquet d'hommes demi-nus, partageant leurs plaisirs et leur amour pour un festin d'éternité.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Ta description enflammée a titillé mon...ma...euh ma curiosité et du coup chuis allé, non pas me faire voire chez les grecs, juste faire un tour sur gogole...bin ça donne envie ....de visiter l'Italie! ;-)

Calyste a dit…

On y va? Je veux bien te servir de guide!

Anonyme a dit…

J'prépare mon baluchon!!

Calyste a dit…

Je vois que Monsieur connait déjà les bonnes adresses!