jeudi 21 août 2008

Montée vers la lumière.

Ce soir, j'ai envie de musique. le Lento d'ouverture de la symphonie n°3 de Henryk Gorecki, Chants de deuil. J'aime cette musique. Elle n'a selon moi rien de lugubre.

La lente progression du premier mouvement, tiré, comme l'indique le livret, des Chants de Lysagora (15°siècle) du monastère de la Sainte-Croix, est pour moi une progression vers la lumière, la sérénité. Toujours d'après le livret joint au CD, le deuxième mouvement reprend le début d'une prière polonaise à la Vierge, Zdrowas Mario, qu'une détenue du camp de concentration de Zakopane avait inscrite sur le mur de sa cellule. La voix chaude et modulée de la soprano Zofia Kilanowicz lui insuffle toute sa dimension mystique. Pour le dernier mouvement, Gorecki a utilisé un chant populaire dans le dialecte de la région d'Opole. Et la lumière éclate enfin.

Il se dégage de cette oeuvre un calme, un absolu, l'enracinement de la foi sûre d'elle-même que j'ai rarement perçus ailleurs. Lorsque la pâte lève à l'intérieur, image que j'emprunte à Lancelot (pardonne-moi), qu'elle tient trop de place, qu'elle devient trop lourde, je me passe ce disque et le soufflé dégonfle.

Voici la traduction que j'ai faite de ces trois textes, à partir de la traduction anglaise.

1er mouvement:
Mon fils, mon élu, mon amour,
Laisse ta mère partager tes blessures
Et puisque, fils adoré,
Je t'ai toujours gardé dans mon coeur,
Toujours servi fidèlement,
Parle à ta mère,
Rends-lui la joie,
Même si, mon espérance chérie,
Tu me quittes aujourd'hui.

2eme mouvement:
Mère, non, ne pleure pas,
Reine du Ciel toujours chaste,
Aide-moi toujours.
Salut, marie.

3eme mouvement:
Où est-il parti,
Mon fils très aimé?
Tué par le dur ennemi, peut-être,
Dans sa rébellion.
Toi, peuple mauvais,
Au nom du Dieu saint,
Dis-moi pourquoi tu as tué
Mon fils aimé.
Plus jamais
Je n'aurai sa protection.
Que j'assèche
Mes vieilles paupières,
Ou que mes larmes amères
Aient engendré un nouvel Oder,
Elles ne feront pas revenir
Mon fils à la vie.
Il git dans la tombe
Je ne sais pas où
J'ai beau le demander
Partout
Peut-être le pauvre garçon
Git-il dans un fossé raboteux
Au lieu de reposer, comme il le pouvait,
Dans la chaleur d'un lit.
Chantez pour lui, chantez,
Petits oiseaux de Dieu,
Car sa mère
Ne peut le retrouver.
Et vous, petites fleurs du Seigneur,
Puissiez-vous vous épanouir tout autour
Pour que mon fils
Trouve le sommeil.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Très beau texte effectivement.

Pour ce qui est de "l'emprunt" de l'image de la pâte qui lève, je te pardonne d'autant plus volontiers que je trouve cela flatteur !

(Vais-je te faire payer des droits d'auteur...? J'y songe, j'y songe...)