De génération en génération, la plastique change. Lorsque l'on voit, dans des archives photographiques ou télévisuelles, les athlètes participant aux Jeux Olympiques, par exemple, quelle que soit leur discipline, on est bien obligé de constater que les corps des années vingt n'ont rien à voir avec ceux d'aujourd'hui. Et il ne s'agit pas seulement d'une différence de musculature, évidente bien sûr, mais pas forcément signe d'avancée ou de progrès, puisque souvent non naturelle.
Non, la silhouette, la taille ont beaucoup évolué. Combien les français ont-ils pris de centimètres en un siècle? Je ne parle pas seulement des sportifs, mais de l'ensemble de la population. Je me souviens bien du corps des ouvriers, dans mon enfance, de leur torse en particulier. Il me semblait plus ramassé, plus trapu, moins poilu aussi. Leurs bras étaient noueux comme des pieds de vigne, leur visage moins stéréotypé. Sans parler du vêtement, plus standardisé, plus terne de couleurs, plus traditionnel de coupe. Le corps se cachait, alors. Nous vivions encore sur la lancée du XIX°.
Aujourd'hui, qu'ils soient grands ou plus ramassés, les corps n'ont pas le même aspect. Mieux dessinés, respirant la santé, la bonne nourriture, peut-être aussi l'effort moindre au quotidien. Je les envie parfois de ne pas être nés dans l'immédiat après-guerre, à un moment où de sévères carences en apports nutritifs restaient encore à combler. Pour ma part, même issu d'une famille modeste, je n'ai manqué de rien, mais je n'ai pas connu l'abondance non plus. Je crois que les dernières cartes de rationnement ont disparu en France en 1949, et je suis né en 52.
Aussi, quand je les vois dans les rues, sur la plage ou n'importe où ailleurs, à l'aise dans leur corps qu'ils n'ont aucune gêne, au contraire, à montrer, suis-je, dans un premier temps, un peu agacé par leur attitude. Ensuite, bien sûr, le naturel reprend le dessus et je prends plaisir au spectacle.
Pourtant, rares sont les garçons chez qui je repère de la grâce: du sex-appeal, du pousse-au-crime, des formes qui excitent les sens, parfois une ombre de veulerie ou de provocation vulgaire, oui, mais de la grâce, point. Qu'est-ce que j'appelle la grâce? Peut-être le charme lié à l'élégance naturelle. Quelque chose, en tout cas, que l'on perçoit tout de suite et qui n'aiguille pas, à la première seconde, vers la satisfaction de la libido.
Ces hommes (je parlais, bien sûr des hommes), dont les plus vieux ont approximativement trente-cinq ou quarante ans, me semble-t-il, j'ai toujours une image d'eux bébés nourris par Nestlé. Aussi onctueux et sans surprises que ce lait, aussi calmes et repus que les vaches du pays helvétique. Que l'on me pardonne cette exagération, mais c'est bien la première image que j'ai en les voyant. Sans doute existe-t-il des tas d'exceptions (j'en connais), à ce que je veux bien croire une caricature. Et peut-être n'est-ce, après tout, que la manifestation de jalousie d'un vieux pervers?
Moi, la grâce, telle que je l'ai définie, je la rencontre chez des femmes. Mais peut-être y suis-je plus sensible lorsque ma libido affiche le calme plat! Et lorsqu'elle apparaît chez un homme, elle me bouleverse chaque fois, comme la découverte inattendue d'un tableau ou d'une musique.
samedi 23 août 2008
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3 commentaires:
En tout cela il faut conserver un lien, un contact avec quelque chose d’indicible, qui ne se laisse pas saisir, et ne demeurera que « si on l’a comme ne l’ayant pas »
K.G Durckheim
In « Chemin de vie »
"Combien les français ont-ils pris de centimètres en un siècle?"
bin pour ma part m'en suis pris...Ah c'est élégant ça!! pourtant ne voulais pas la faire,juré, mais y'a une p'tit diable derrière moi qui me pousse...
ok , j'y vais ..quèque j'ai fait de mon bonnet d'âne?
Un je ne sais quoi qui ne peut se dire sans disparaître, Oceania.
Piergil, le petit diable qui te pousse par derrière, j'espère qu'il n'a pas la queue trop fourchue. Euh! Je crois que je ne vais pas tarder à te rejoindre. Tu me prêteras ton bonnet?
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