Comme prévu, ils sont venus ce matin, cinq profs et la directrice adjointe, pour recevoir la manne.
Parmi eux, deux hommes, jeunes, l'un, prof d'histoire, très "politique" et cherchant visiblement à bien se placer auprès de l'adjointe de direction (cette attitude-là me fait toujours hurler de rire quand je la remarque: la courbette est sans doute nécessaire pour atteindre les bas placés!), l'autre, professeur de math, très jeune et très timide. Il m'a plus avec ses cheveux courts et tirant sur le roux, mais pendant toute la réunion, je n'ai pu le voir qu'à contre jour. Les trois femmes (hors direction) étaient de loin les plus intéressantes.
Le plus cocasse, c'est la position dans laquelle on se retrouve dans ces moments-là: que ce soit devant des collègues, des spécialistes à l'académie ou des journalistes, il faut se conformer au rôle que l'on vous a attribué. Vous êtes censé être un pro de la pédagogie raisonnée, alors ayez-en l'attitude et le langage, les tics et l'autosuffisance, la position au bureau, les silences, les embarras, les enthousiasmes.
Sauf pour l'autosuffisance, à laquelle je me refuse, j'intègre assez bien le personnage. Mais, chaque fois, à l'intérieur résonne un immense rire rabelaisien. Je n'ai jamais été et ne serai jamais un pro de quoi que ce soit. Si je réussis dans mon travail (parfois, oui, tout de même), c'est que j'aime les enfants, je l'ai déjà dit, et que grâce à cela, je les décrypte assez bien.
D'autre part, je n'accorde pas aux techniques pédagogiques et à la logorrhée des linguistes une importance telle que je perde du temps à les étudier et à les mettre en pratique. Je préfère aux palmes académiques les simples paroles d'une ancienne élève de seconde rencontrée quelques années plus tard:
"-Monsieur, c'est vous qui m'avez fait découvrir la littérature. Grâce à vous, j'aime Maupassant."
Et pardon pour l'orgueil que j'en retire. Je ne serai jamais un doctus cum libro: je souhaite à tout un chacun d'être felix cum libris, et dans la mesure de mes petits moyens, je me consacrerai à cet idéal encore quelques années.
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2 commentaires:
C'est bizarre, mais quand le rire, rabelaisien ou non, raisonne, c'est jamais aussi rigolo que lorsqu'il résonne ; un rire trop intellectuel, peut-être...
;-)
C'est gentil de trouver quelque chose d'intellectuel dans cette faute d'inattention. Merci de l'avoir repérée: je la corrige tout de suite.
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