Vaguement entendu ce matin sur France Inter, alors que je profitais de mes derniers instants de somnolence, quelques minutes avant six heures et demi, que l'on y parlait de la parution d'un livre, dont le titre m'a maintenant échappé, sur l'amour porté aux objets.
Comme je suis depuis toujours, et particulièrement depuis la mort de Pierre et celle de mon père, saturé d'objets dans mon appartement, au point d'être parfois pris d'une envie irrésistible de partir m'installer dans une cellule de chartreux, l'annonce de cette parution m'a fait réfléchir dans le courant de la journée.
Quel objet me tient particulièrement à coeur? Y en a-t-il un? Plusieurs? Aucun? Pourquoi celui-ci plutôt que celui-là? Est-ce une raison sentimentale, esthétique, de valeur marchande, qui guide mon choix?
Je pensais voir défiler dans mon cerveau l'innombrable contenu des étagères, tiroirs, dessus de meubles, bibliothèques, cartons remisés à la cave ou au grenier, toutes les strates accumulées ces trente-cinq dernières années. Or, sans que j'aie besoin de chercher, deux objets se sont immédiatement imposés à moi.
Le premier est la lampe de mineur de mon grand-père, que ni mon père (P2), ni mon oncle, qui avaient exercé ce métier, n'ont voulu conserver, peut-être parce qu'elle leur rappelait des moments trop difficiles. J'étais fou de bonheur quand il me l'ont proposée. J'ai passé mon enfance dans cet univers des mines à la campagne, près de Saint-Etienne, et je ne pourrais jamais renier ces racines. Je crois que seuls ceux qui ont connu ce microcosme peuvent vraiment comprendre ce que je veux dire.
C'est une lampe essentiellement en cuivre, un peu cabossée, un peu déjetée, dont la partie inférieure, le réservoir, se dévisse et le haut présente un crochet pour la suspendre quand le travail nécessitait les deux mains, ce qui devait être quasiment toujours le cas. Je me souviens vaguement avoir vu, quand j'étais enfant,une lampisterie, la pièce où les mineurs rangeaient leur lampe après leur journée de travail, et une autre pièce où pendaient à des cintres en hauteur les vêtements de rechange de ces travailleurs de force.
Le deuxième objet vient également de chez ma grand-mère paternelle. Il s'agit d'une petite sculpture tout simple et sans grâce particulière, probablement taillée à la main dans je ne sais quel bois des plus communs, représentant un cochon dont le dos est constitué d'un couvercle amovible. C'est un objet lié au moment du mariage.
Peu de temps avant leur future union, les fiancés passaient dans leurs familles et chez les familles amies et alliées, comme l'on disait à l'époque, pour annoncer l'heureux événement des épousailles, et offraient, la jeune fille du "sucre", c'est-à-dire des dragées (ce qui se fait encore, mais pas de la même façon), le jeune homme du tabac à priser qu'il transportait dans le ventre du petit cochon.
Mon père (P1)et ma mère, aux dires de ma grand-mère, l'auraient utilisé avant de se marier. Si, quand j'étais enfant, ce cochon m'attirait en tant que possible jouet, il est maintenant sagement rangé sur une étangère de bibliothèque et fait partie de mon univers familier.
Ainsi donc, les deux objets qui se sont immédiatement imposés à mon esprit sont deux souvenirs de famille. Moi qui, adolescent (et même longtemps après), portais au pinacle la fameuse phrase de Gide: "Familles, je vous hais."!
Le plus curieux, c'est que je ne me sens pas en contradiction avec moi-même.
jeudi 17 janvier 2008
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
2 commentaires:
Bon après moult recoupements, je connais votre nom, votre adresse, où vous enseignez, et tout et tout!
10.000 € en coupure usagées ou je balance tout sur Google et YouTube!
Je joins la dernière phalange de mon petit doigt pour vous prouver que je suis un grand sociopathe et que j'irai jusqu'au bout!
Des instructions suivent...
Le baron Empain
je m'étais dit en écoutant cette émission que je devrais peut-être acheter le livre afin me sentir moins futile parce que j'aime les beaux objets et aussi les posséder.
mais si je devais partir, aucun de ces objets n'accrocherait mon regard. aucun livre, aucune peinture. je partirai donc les mains vides, et en silence. est-ce possible ? j'étais certaine que vous aviez écrit abstinance pour jouer avec un sens qui m'échappait, mais vous appartenait. j'ai beaucoup aimé le commentaire de Océania. bon courage pour la biopsie.
Enregistrer un commentaire