Oui, parce ce que je considère que de bons romans pour la jeunesse peuvent être lus par tous avec contentement. Aujourd'hui, j'ai choisi une oeuvre un peu plus complexe (c'est peut-être un bien grand mot) destinée plutôt à des élèves de douze ou treize ans et plus. Il s'agit du Secret de Maître Joachim, de Sigrid Heuck (Folio Junior n°1273). De cette auteur, je ne sais rien que ce qu'en dit l'éditeur, à savoir qu'elle est née en 1932 à Cologne, qu'elle est venue à l'écriture en 1980 par le biais de l'illustration et que, pour ce roman, elle a obtenu le prix du Livre jeunesse autrichien.
Le Secret de maître Joachim est un roman plus difficile d'accès que les précédents. Mes élèves, ayant beaucoup espéré du début un peu fantastique, ne l'ont finalement pas aimé pour la plupart. Sans doute parce qu'il exige un effort supplémentaire et que l'univers qu'il aborde ne leur est pas suffisamment familier.
Un adolescent de notre époque, en feuilletant un livre sur un peintre flamand du xvi° siècle, Joachim Patinir, s'attarde dans la contemplation d'une reproduction de tableau représentant Saint Christophe. Mais ce n'est pas le Porte-Christ qui l'intéresse. Plutôt, à l'arrière plan, une scène curieuse: deux hommes, au bord d'un fleuve, sont occupés avec un cadavre. Sont-ils en train de le retirer du fleuve? Sont-ils au contraire prêts à se débarrasser ainsi du corps de leur victime?
L'adolescent, Peter, va trouver un moyen pour entrer lui-même dans le tableau et se retrouver en 1521 à Anvers, à l'époque où vivait Patinir et où Albrecht Dürer était déjà grand. S'ensuivra une quête de la vérité, sous forme d'énigme policière, qui mènera le garçon à connaître la vérité sur ce cadavre. Ne me demandez pas de vous révéler la solution. J'ai lu ce livre il y a déjà quelques années et je ne m'en souviens pas. D'ailleurs, ce n'est pas, je crois, l'essentiel de cet ouvrage. J'ai plutôt gardé en tête le foisonnement de cette Europe du nord en cette période de basculement entre la fin du Moyen-Age et le début de la Renaissance.
Moi qui aime la peinture flamande, je ne pouvais pas ne pas aimer ce livre très bien écrit et traduit, où l'éditeur a eu l'excellente idée de représenter le tableau de Patinir, Saint Christophe portant l'enfant Jésus, en couleur et en double page de garde. Ainsi en a-t-on une vue générale et peut-on nous aussi s'attarder sur l'arrière-plan, si riche et repris dans les pages suivantes. Certains détails m'évoquent l'Italie et les lointains brumeux de Léonard de Vinci, d'autres l'imagination dantesque de Jérôme Bosch.
Tout a commencé le jour où j'ai découvert un cadavre au bord du fleuve.
Deux hommes retenaient l'étroit radeau sur lequel il était attaché mais, tel que j'étais placé, je ne pouvais pas voir s'ils étaient en train de le tirer vers la terre ferme ou de le pousser dans le courant.
Le mort portait une tunique rouge et un pantalon de couleur claire qui devenait nettement plus foncé à partir des genoux. Cela donnait l'impression qu'il avait pataugé dans un marécage avant de mourir. Un bout de papier était glissé sous sa ceinture..
Le fleuve était calme. Non loin de l'endroit où se trouvait le cadavre, il se divisait en deux bras enserrant une île rocheuse au sommet de laquelle se dressait un puissant château fort. Un peu plus loin, le fleuve se jetait dans la mer. Sur la rive droite, là où la terre ferme prenait fin et où l'eau s'étendait jusqu'à l'horizon, on pouvait voir une ville.
(Trad. de Dominique Miermont.)
vendredi 30 mai 2008
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2 commentaires:
J'ai cherché le tableau, je n'ai pas réussi à voir l'arrière plan :(
Je l'ai devant les yeux, en ce moment, dans le roman.
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