Est-on plus sensible à certaines notes de musique qu'à d'autres? Je me suis posé la question l'autre jour en écoutant à la radio un morceau pour piano de Beethoven , j'ai oublié lequel.
Je me savais déjà attiré par certains mots, attirance sans rapport direct avec leur sens, parfois pas même avec ce qu'ils m'évoquent, l'image mentale qu'ils créent. Mais si les mots ont une sonorité globale, ils sont aussi décomposables en autant de syllabes, toutes possédant leur son propre.
Je savais aussi que certaines voix me séduisent immédiatement, particulièrement des voix de femmes, un peu rauques et traînantes, par exemple celle de Delphine Seyrig dans L'Année dernière à Marienbad. Peu de voix d'hommes, effectivement, mais je pense tout à coup à l'exception: Gérard Sire, qui fut journaliste à France Inter, décédé en 1977.
Bien évidemment aussi les voix du chant, féminines encore, et plus soprani qu'alti, celles qui vous transpercent à la première mesure, que l'on reconnait aux deux premières notes, dans n'importe quelle oeuvre, qui vous transportent ailleurs, comme la voix de paradis de Kathleen Ferrier ou celle, si émouvante, de Maria Callas. Un homme aussi ici: Alfred Deller.
Je connaissais ma préférence pour les instruments évoquant ces voix d'alto, les hautbois, ou le violoncelle, mon engouement pour les oeuvres alliant musique et choeurs, religieuses ou profanes, oratorio ou opéra, ou pour celles à un seul instrument. Je sais que je suis envoûté par des morceaux plus difficiles, à la rythmique répétitive ou languissante, comme certaines écritures de Arvo Pârt ou Gorecki.
Mais ceci, ce sont DES sons. (allitération fortuite).
En écoutant, il y a quelques jours, l'oeuvre de Beethoven, musicien qui pourtant ne me touche guère, je n'étais pas sensible à un air, à un mouvement, à une composition, mais à UNE note au piano. Laquelle? Je ne sais pas. Bien que chantant juste, entendant juste et passionné de musique, je n'ai jamais pu mettre un nom sur une note entendue. Je sais seulement que, chaque fois que cette même note apparaissait, c'est elle que j'isolais dans mon esprit, c'est elle qui résonnait différemment dans ma tête, c'est elle qui faisait naître le plaisir.
Pourquoi celle-ci et pas une autre?
lundi 17 mars 2008
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2 commentaires:
Cette note, c'est la vôtre,
celle qui chante juste.
Nommez-la comme vous le voulez.
J'ai toujours eu un faible pour le mi bémol.
Le mi d'abord : moins falot que le fa, moins sifflant que le si, moins terre-à-terre que le sol, le mi s'affirme dans la douceur, la discrétion, la demi-teinte. Et il gagne en distinction ce que le bémol, mollement, lui retranche.
Quand une note me plaît, un do, un la, qu'importe : c'est un mi bémol. Le monde naît d'un mi bémol dans l'Or du Potomac... ou du Rhin, je ne sais plus.
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