jeudi 27 mars 2008

Allo, c'est qui ?

Il y a deux ou trois choses dans la vie qui me mettent hors de moi. Le démarchage à domicile par téléphone en est une.

Être dérangé dans ses occupations, ou ses loisirs, ou ses plaisirs, ou ses pensées, ou le tout à la fois, par la sonnerie du fixe, très souvent en fin d'après-midi ou début de soirée, au moment par exemple où l'on commence le repas, décrocher en pensant parler à un ami et entendre une voix totalement inconnue, articulant à peine le français (je ne mets à cette remarque aucune connotation raciste) vous demander si vous êtes bien Monsieur X., sans penser une seconde à se présenter elle-même, puisqu'après tout, c'est bien elle qui appelle.

A votre question: "De la part de qui?", s'entendre redemander si vous êtes bien Monsieur X. Recommencer le manège jusqu'à ce que l'autre se présente: "Je suis la société Y ou Z." Tiens, à toi tout seul, coco? Bravo, mais alors pourquoi travailles-tu encore à cette heure-là? Tu devrais être en stand by (pour employer ton langage) jusqu'à demain matin, avec pour seules traces de vie les pâles lueurs de tes veilleuses dans tes couloirs!

Et là, la voix, sans autre forme de procès, commence à dévider son message sans ponctuation, sans prendre le temps de respirer, transformant les phrases en guimauve que l'on étire et malaxe, le français en une sorte de rumeur subaquatique d'où parfois émergent des îlots de sens, comme "occasion unique", "absolument nécessaire à votre confort", "économie d'impôts", ou autres promesses mirifiques.

Après, je ne sais pas, car j'ai raccroché depuis longtemps. Autrefois, j'essayais d'être poli, d'expliquer que je n'étais pas intéressé, de bien vouloir m'en excuser. Mais ces gens-là sont un peu comme ces tandems de Témoins de Jéhova qui, si vous ne leur dites pas clairement non la première fois, entendent toujours oui et reviennent appuyer sur votre sonnette jusqu'à plus soif.

Alors, on a inventé mieux: lorsque vous décrochez maintenant, vous êtes en communication avec... un message enregistré. C'est ce qui m'est arrivé tout à l'heure: interrompre mon repas pour entendre parler de l'hygiène alimentaire, c'est tout de même un comble! Finies la relation directe, les tentatives de décryptage de l'idiome employé ou de l'identité de l'appelant, les grosses colères, les incongruités, les blagues (par exemple, faire croire que l'on est extrêmement intéressé. Mais pour cela il faut avoir le temps).

Insulter un disque n'a rien de défoulant. Alors, on se garde sa petite pelote de nerfs bien au chaud . D'ailleurs, elle est bien la seule, car le repas, lui, il est froid.

A noter que j'ai classé ce message dans la catégorie "violence" car je pense effectivement que c'en est une.

1 commentaire:

Nicolas Raviere a dit…

C'est vrai que c'est agressif, je te l'accorde volontiers, mais bon il faut aussi penser que ces gens-là font un métier, ce n'est pas eux qu'il faut blâmer, mais les sociétés. Pour eux, ce doit être dur, le stress, les objectifs...

Le coup du message enregistré, effectivement, j'imagine que c'est désagréable. Je pensais même pas que c'était possible.

Tu sais, tu devrais te mettre sur liste rouge : je t'assure qu'ensuite, tu seras tranquille. Depuis que j'y suis, je ne suis plus dérangé par ce genre d'appel inopportun. :)