Hier, Anna, après avoir lu quelques billets du début de ce blog, de l'automne dernier, lorsque je les classais en "Abécédaire" et "des Riens", a voulu marquer sa présence, m'avertir qu'elle en avait pris connaissance. Elle éprouvait une sensation d'intrusion, elle savait que ce qui était écrit ici était public mais se sentait tout de même indiscrète. D'où un commentaire en ce sens.
Merci, Anna, pour tant de délicatesse. J'éprouvais, à lire au début les écrits des autres, la même impression d'être quelqu'un qui entre par effraction là où il ne devrait pas être. J. a dû plusieurs fois me rassurer avant que cette sensation ne me quitte définitivement.
Je crois que c'est justement ce côté furtif, voleur de ressenti, qui me plaît dans les blogs. Le fait de ne pas réellement connaître l'auteur n'est pas gênant, au contraire. Un homosexuel est habitué à ce genre d'anonymat au moment des rencontres furtives. Le nom, le métier, l'âge importent peu, seule compte l'immédiateté du désir à assouvir. Ce désir satisfait, la parenthèse se referme sur un sourire, un baiser, une poignée de mains (ou la honte d'un visage baissé pressé de se dissimuler).
Reste à savoir si ces rencontres furtives satisfont l'être profond. Je n'en suis pas du tout sûr.
Dans mes billets du début, je suis surpris, en les relisant, de trouver une telle vérité dans la confession. Tous mes masques étaient tombés. Lorsque j'ai demandé à J. de m'installer ce blog, je l'ai immédiatement utilisé. C'était sans doute un besoin extrême pour moi à ce moment-là. Il fallait, sans que je le sache consciemment, que j'exorcise de nombreux démons qui me dévoraient alors: la mort de Pierre, celle de mon père et tout ce que cela impliquait de changements dans ma vie et dans mon être. Je ne sais pas si je pourrais aujourd'hui écrire avec la même franchise et la même lucidité. Mais, je l'ai déjà dit, je n'ôte aucune ligne, aucun mot de ces "confessions". Faites sous la violence de la nécessité, elles ne traduisent pourtant en rien une humeur, un état d'âme passager. Ma sincérité n'est pas celle de l'instant.
Alors, maintenant, j'ai sorti de moi ces pages. Elles ne sont plus moi, elles ne sont plus à moi plutôt. Je n'éprouve aucune gêne à les savoir lues par d'autres. Ce qui me gênerait, c'est qu'elles contiennent des artifices, des mensonges, des coquetteries destinés à tromper le lecteur et, en définitive, à me tromper moi-même.
M'expliquer là-dessus m'est très difficile, en tout cas d'être clair: si je me sens parfaitement à l'aise avec l'aspect public de ces écrits, je n'arrive pas à m'expliquer pourquoi je suis à l'aise. Je le ressens, c'est tout.
Alors, Anna, n'ayez plus ce scrupule qui vous honore. Je sais aussi que vous êtes quelques-uns, à lire ici, de qui je me sens proche par bien des aspects, l'essentiel étant une similitude, une proximité de ressenti. Je sais que vous ne déformerez pas ce que j'ai voulu transcrire, et que parfois même vous le partagerez. Merci à vous.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire