mardi 25 mars 2008

Vestale, vous avez dit vestale?

Je ne sais pas si Gonzo a écouté France Inter ce matin, mais s'il l'a fait, il a dû remarquer comme moi une bien grossière erreur sur le monde antique.

La journaliste développait l'annonce de l'interruption de l'allumage de la flamme olympique par des membres de Reporters sans Frontières, alors que la grande prêtresse allait oeuvrer, entourée de ses "vestales".

Or il n'y eut jamais de "vestales" à Olympie. Les vestales sont des prêtresses du temple de Vesta, déesse romaine du foyer. Elles étaient choisies dès l'âge de dix ans dans les meilleures familles patriciennes, se formaient pendant une décennie, officiaient pendant une autre décennie, et en consacraient une dernière à l'éducation des "novices".

Leur tâche essentielle était la surveillance du feu sacré (héritage de la préhistoire?). A part la Grande Vestale, elles ne pouvaient sortir de leur vaste maison du forum. Mais telle était leur influence immense que, si le cortège d'un condamné à mort croisait le chemin de cette Grande Vestale, il était immédiatement gracié.

De plus, on ne pouvait les mettre à mort, elles, que pour deux motifs graves: si ce feu sacré s'éteignait et si elles perdaient leur virginité avant d'être sorties de charge (c'est à dire autour de quarante ans, ce qui, pour l'époque, constituait déjà un âge avancé.). Et même dans ce cas, il n'était pas permis de faire couler leur sang. Aussi les enfermait-on vivantes dans un tombeau avec un peu de nourriture et une petite lampe à huile. Tel fut le sort de Rhéa Silvia, la mère de Romulus et Rémus, séduite par le dieu Mars.

L'équivalent grec de la Vesta romaine est Hestia, la seule divinité des douze grands de l'Olympe à n'avoir aucune histoire croustillante à son actif (désolé pour Querelle!).

Ainsi donc, pas de vestales à Olympie. Ce qui n'enlève rien au geste courageux de Reporters sans Frontières qui, n'attendant pas une prise de position officielle d'un Président de la République d'ordinaire pourtant si prompt à réagir, a montré du doigt le comportement scandaleux de l'état chinois envers le peuple tibétain et ainsi manifesté qu'en France, comme le chantait autrefois Sardou, "il n'y a quand même pas soixante millions d'abrutis".

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