Ah! cruel, tu m'as trop entendue.

Hier Oceania a présenté sur son blog un extrait d'Horace, de Corneille, et j'ai lu ces vers avec un plaisir intense.

Ce sont mes études classiques qui refaisaient surface, des souvenirs de grand bonheur face à la culture que, le premier de ma famille, j'engrangeais peu à peu. Etrange comme je garde de ces années-là une sensation de douceur, de plénitude et de bonheur immenses.

Toutes les zones d'ombre ont été effacées, je ne me souviens que de cette soif de savoir et, parmi d'autres joies, celle de la musique de l'alexandrin, qui est à l'adolescence ce qu'est celle des tables de multications à l'âge plus tendre de l'école primaire. Musique un peu répétitive, sans grande surprise pour qui sait la décrypter, mais tellement rassurante et tellement française. J'en rapproche l'habitude de compter en courant, pour rythmer ma cadence et permettre peu à peu à mon esprit d'oublier l'effort physique accompli et de s'échapper dans une sorte de rêve éveillé.

Alors, un instant, écoutez la chanson si douce des vers, la plainte de Phèdre, seule peu après son terrible aveu:

O toi, qui vois la honte où je suis decendue,
Implacable Vénus, suis-je assez confondue?
Tu ne saurais plus loin pousser ta cruauté.
Ton triomphe est parfait; tous tes traits ont porté.
Cruelle, si tu veux une gloire nouvelle,
Attaque un ennemi qui te soit plus rebelle.
Hippolyte te fuit; et bravant ton courroux,
Jamais à tes autels n'a fléchi les genoux.
Ton nom semble offenser ses superbes oreilles.
Déesse, venge-toi: nos causes sont pareilles.
Qu'il aime...
Jean Racine, Phèdre, Acte III, scène 2.