lundi 3 mars 2008

Faiblesse.

Mon frère vient de m'apprendre au téléphone une triste nouvelle: il risque de ne pouvoir être opéré de son cancer, l'opération s'avérant très lourde et surtout risquée à cause du nerf sciatique et de l'artère iliaque trop proches. On va sans doute continuer le traitement par chimios, jusqu'à ce que...Il a très bien compris, et sa femme avec lui, ce que cela pouvait vouloir dire.

J'ai l'impression de ne plus vivre que dans cet univers morbide, qu'un monde serein et doux ne peut exister durablement. Ce qu'il y a surtout, c'est que j'ai très peur de ce qui se dessine. Je n'en ai pas peur, je le vomis, je l'exècre, cela m'anéantit, je n'en veux plus. Je suis révolté de tant d'acharnement. Pourquoi? A d'autres maintenant. Nous avons été heureux, nous l'avons maintenant suffisamment payé cher. A d'autres.

Et je m'en veux de tricher, d'écrire tout cela, parce que je sais que c'est pour moi un moyen de moins souffrir, comme si je me situais dans une fiction, dans une réalité qui n'est pas tout à fait la mienne puisque je l'ai mise, en la disant, face à moi. Tous les autres n'ont même pas cette échappatoire. De quoi je me plains?

L'écriture est ma seule issue. Ma mère pas au courant, ma soeur à qui je n'ai pas le droit d'infliger en plus le spectacle de mon désarroi,moi l'aîné, le pilier, ma parole malhabile à qui je pourrais en parler.

De plus en plus, cet espace est mon refuge. Je voudrais pouvoir m'y épancher totalement, dire, écrire n'importe quoi qui me rassure, qui me divertisse c'est-à-dire qui m'extraie de moi-même. Mais ce n'est pas comme ça que je suis bâti. La simple vue des boîtes de médicaments suffit parfois à ce que je me sente mieux. Je sais qu'une fois écrit ce billet, je regarderai de face la réalité. Mais, pardonnez-moi, il me faut cet instant de faiblesse auparavant.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce n'est pas un bobo, c'est une douleur.
Il faudra créer le libellé.

Anonyme a dit…

Les exorcismes ne sont pas suffisants, pour conjurer la réalité. Toute réalité. Hélas. Je n'ai qu'un mot à dire : Courage.

Patrick a dit…

Pensée.

Anonyme a dit…

Je pense à toi. Ayant passé moi-même une année pleine de maladies et de morts, je crois que je comprends un peu ce que tu éprouves en ce moment.

Anonyme a dit…

Maudit téléphone...

F-J

Anonyme a dit…

Mes pensées vous accompagnent.
(Anna)

Calyste a dit…

Merci.