Dimanche des Rameaux. Il y a trente deux ans, nous étions à Paris, Pierre et moi,pour installer ma soeur qui venait d'y être nommée. Ma mère faisait partie du voyage.
Nous pensions la fatiguer dans la journée pour ensuite profiter de notre soirée librement, et peu sagement. C'est elle qui fut la plus résistante et en réclamait encore alors que nous ne tenions plus debout. Son meilleur souvenir de ce voyage: lorsque, en métro pour Pigale, un inconnu lui mit la main au derrière. Elle, la si prude, n'en revenait pas d'avoir encore un tel succès. On ne connaît jamais assez bien ses parents!
Aujourd'hui, sur le marché Saint-Louis, entendu la conversation entre un vendeur et un client. Le chaland, un homme d'une trentaine d'années, demandait ce que c'était que le Dimanche des Rameaux. Le marchand a dû lui expliquer l'entrée du Christ à Jérusalem, l'âne et les palmes, le lien avec Pâques, l'autre dénomination de Pâques Fleuries. Il lui a parlé de l'habitude de faire bénir ce jour-là dans les églises des rameaux de buis, que la superstition populaire utilisait ensuite pour protéger sa maison du malheur, en attachant ces rameaux contre le crucifix pendu au-dessus du lit conjugal. Lorsque nous étions enfants, ma mère, en temps de violent orage, nous regroupait dans son grand lit et faisait brûler une de ses branches jusqu'à ce que le temps se calme. Moi qui étais fasciné par les éclairs, inutile de préciser que je n'avais pas le droit de m'approcher de la fenêtre.
Étonnant qu'un homme de cet âge, d'une intelligence apparemment bien développée, ne sache pas ce que sont les Rameaux. Il me semblait que de telles connaissances étaient sorties du domaine purement religieux pour intégrer la culture française et plus généralement occidentale. Ainsi aucun écho en lui quand il nomme les pâquerettes, pour ne rien dire de l'expression Faire Pâques avant les Rameaux, situation qu'il a peut-être, comme Monsieur Jourdain, vécue sans en connaître la périphrase, ou de la rencontre ce jour-là de Jean-Jacques avec "Maman". Une telle absence de culture, liée sans doute à un manque de curiosité (qu'est-ce qui est le plus grave?) n'est pas loin de me choquer chez un adulte (encore que celui-ci se renseignait justement). Je souhaite pouvoir un jour dire: "Je m'en lave les mains.", mais n'y crois guère.
dimanche 16 mars 2008
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