lundi 24 mars 2008

Bas-fonds.

Je viens, enfin, de terminer Berlin Alexanderplatz, d'Alfred DÔblin. Ce livre touffu ne se laisse pas pénétrer facilement. Pour le style, on pense parfois à Céline. Pour le milieu interlope décrit, il est vrai, comme le dit la quatrième de couverture chez Folio, que l'image des Mystères de Paris s'impose, transposée dans le Berlin d'un peu avant les années 30.

J'ai failli plusieurs fois abandonner ce roman. Le lire quand la fatigue est importante n'est pas chose aisée. Pourtant j'ai tenu bon. Le personnage de Franz Biberkopf, marchant peu à peu vers sa déchéance avant d'accomplir sa rédemption, est un de ceux que l'on n'oublie pas, comme Raskolnikov ou Rubempré. Et derrière la mise à nu de toute cette misère, de tous ces crimes, il y a l'immense bonté du texte pour les petits, en particulier Mimi, la prostituée amoureuse de Franz qui mourra étranglée pour l'avoir trop aimé.

J'ai déjà, en cours de lecture, cité un passage de ce livre. En voici un autre qui, s'il s'applique au personnage de Biberkopf, pourrait tout aussi bien résumer la vie de beaucoup d'entre nous.

Franz Biberkopf (...) a couru à toutes jambes le long de cette rue noire, se heurtant contre les arbres, et, plus il courait, plus il se heurtait. Bien qu'il y fît nuit, il tenait ses yeux fermés, épouvanté toutes les fois qu'il se cognait contre des arbres. Et plus il se cognait, plus il était épouvanté. La tête trouée, plus mort que vif, il alla tout de même jusqu'au bout. Et tombant, il ouvrit les yeux. La lanterne l'éclairait de sa lumière vive et il put lire ce qu'il y avait sur l'écriteau.
(Traduction de Zoya Motchane.)

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