dimanche 2 mars 2008

Dix petits nègres ...et de grosses ficelles.

Je viens de rapidement relire le roman d'Agatha Christie: Dix petits Nègres pour des besoins pédagogiques.

Je me faisais une joie de replonger dans ces pages que j'avais beaucoup aimées dans ma jeunesse. Même en me rappelant le nom de l'assassin, j'étais sûr de retrouver avec plaisir des personnages que je n'ai jamais oubliés, comme le Docteur Armstrong, le juge Wargrave, Emily Brent, Véra Claythorne, le général Macarthur et le couple de domestiques, les Rogers.

Le plaisir fut effectivement au rendez-vous: je les suivis impatiemment sur l'île du Nègre, j'attendis tout aussi impatiemment que la tempête se lève, qu'ils découvrent la petite comptine qui commence ainsi:
Dix petits nègres s'en allèrent dîner.
L'un d'eux étouffa et il n'en resta plus que neuf.

et qui se termine par le suicide du dernier.

Tout arriva en conformité avec mes souvenirs. Mais n'ayant pas l'attention occupée par la résolution de l'énigme, puisque j'en connaissais déjà le fin mot, je fis davantage attention à l'art de l'écrivain, à sa manière d'amener les choses là où elle veut qu'elles aillent, et, je le dirais maintenant, à sa façon de nous faire avaler des couleuvres.

J'étais en particulier très curieux de lire comment notre chère Agatha allait pouvoir expliquer la présence fort opportune d'un bourdon dans le salon pour la mort d'Emily Brent, bourdon qui illustrait mot à mot les termes de la comptine:
Six petits nègres jouèrent avec une ruche
Un bourdon piqua l'un d'eux et il n'en resta plus que cinq.


Voici comment l'illustre britannique s'en sort, lors de la confession écrite de l'assassin: "L'introduction du bourdon dans la pièce semble puérile, mais le procédé m'amusa. Je m'efforçais, autant que possible, de me conformer aux refrains de la chanson enfantine des Dix petits Nègres."
(Trad. Louis Postif)

Bravo, Madame. On attendait de savoir comment l'assassin avait procédé pour faire apparaître un bourdon là où il le désire quand il le désire. On nous oriente sur le côté puérile de la mise en scène: une petite coquetterie d'assassin, en somme, qui masque une grosse difficulté d'auteur.

Je crois de plus en plus qu'il est des âges pour lire certains livres. Et qu'il ne faut surtout pas vouloir revivre, en relisant, les mêmes émotions que la première fois. Preuve irréfutable que la lecture est bien une histoire d'amour!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Agatha Christie, Julien Lepers, un vrai blog de mamies!

Horst Tepper

Anonyme a dit…

Votre traduction est fantaisiste, voilà la référence:
"Fourrer sa taille de guêpe au milieu de la chambre peut paraître enfantin, mais je me marrais comme un bossu. Il me fallait ânonner, sans trop m'en éloigner, les strophes de la comptine des Dix personnes de petite taille de couleurs non-blanches."
Trad. Sun-Yin-Fo

A. Christie