vendredi 28 octobre 2011
Toilette d'automne
La vieille sort du cimetière, elle avance à pas comptés sur le trottoir étroit. Les voitures la frôlent sans la voir. Elle non plus ne les voit pas. Elle a déjà assez de peine à marcher droit avec ses vieux souliers tout éculés. Quelqu'un lui crie quelque chose par la vitre baissée. Elle ne l'entend pas, ou depuis longtemps ne répond plus aux insultes. Sa robe est fanée, ses bas épais se tordent sur ses mollets maigres. Elle avance. A la main un sac plastique d'un supermarché d'alimentation discount d'où sortent le manche d'une balayette et un bout de bois pour gratter. Elle a nettoyé la tombe, un peu avant la Toussaint. Son mari ou son fils est là, sous la dalle. S'il ne pleut pas, la pierre restera propre jusqu'au dépôt des fleurs, un chrysanthème mordoré à grosses boules, toujours le même chaque année. Mais ils sont de plus en plus difficiles à trouver. S'il pleut, elle reviendra, malgré la distance, malgré la douleur que lui causent ses pas. Maintenant, il est temps d'aller nourrir le chat.
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10 commentaires:
Quand j'étais petite je passais mon temps au cimetière avec ma mère. Pas seulement pour la Toussaint, quasiment tous les jours. On aurait pu penser que c'était sa 2ème maison. C'était comme ça parce qu'elle avait perdu un enfant, juste avant moi. Ça frisait la folie. Je ne mets plus jamais les pieds dans un cimetière. Je ne peux pas.
La Plume: les mères ne se remettent jamais vraiment de la mort d'un de leurs enfants. J'en sais quelque chose.
Enterrer son enfant, c'est la pire des choses.
J'aimais beaucoup les cimetières gamine, quand je n'avais pas de mort.
Joli texte Calyste! Douloureux mais beau!
Belle phrase, Georges. Cela ferait un beau début pour un poème ou une petite nouvelle!
J'ai acheté quatre pots de cyclamen, j'entends toujours le mot amen et j'irais les poser là où repose mon frère, demain après une longue route.
Georges: moi, enfant, ça m'ennuyait beaucoup. Aujourd'hui, j'y prends de bonnes leçons de sociologie.
Charlus: la vue de cette femme, il y a quelques jours, m'avait serré le cœur.
Valérie: même programme pour moi, mais pour ma sœur et avec une route beaucoup plus courte.
Pourquoi pas Charlus! Pour la toussaint !
Georges: pourquoi pas, Georges!
Des femmes un peu comme ça, j'en ai vu plein. Je ne vais pas au cimetière voir la tombe de mes grands-parents parce que c'est loin, mais cela ne me dérange nullement. Cela me rend assez indifférent.
Cornus: pour ce genre de femmes, c'est une façon de rester en vie, je pense.
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