vendredi 7 octobre 2011

Suffisance

Quelle suffisance, quelle satisfaction de soi-même de la part de certains médecins! Il y a a un, à la clinique de ma mère, au service à côté, qui bat des records de ce côté-là. Je le côtoie depuis plusieurs années et l'ai, au départ, remarqué parce qu'il n'est pas désagréable à regarder. Pas une fois, même en me croisant dans un couloir étroit, il ne m'a dit bonjour. Pas un sourire, le regard fixé au loin sans doute sur l'étendue de son savoir. Je me moque totalement qu'il ne m'ait pas remarqué, même si mes parents ont travaillé dans cette clinique pendant plus de vingt ans. Mais les gens qui ne disent jamais bonjour, moi, ça m'énerve. Par simple politesse, c'est tout. Dieu merci, il a au moins pour lui de ne jamais s'affubler d'une blouse blanche (il est psychiatre) dont nombre de ses collègues jouent, stéthoscope en bandoulière, comme des folles le jour de la Gay Pride.

L'autre jour, alors que j'étais dans ma voiture, coup de fil de la clinique. Première réaction: je flippe! Qu'est-ce qui arrive? Étant donné l'âge de ma mère, et vu son état, on peut s'attendre à tout. C'est lui, voix douce, presque enjôleuse, qui me demande si je suis d'accord pour transférer "momentanément" ma mère dans une autre chambre parce qu'ils ont besoin du branchement oxygène pour une autre patiente. Je lui fais gentiment remarquer que ce serait la troisième fois et que, chaque fois, le "momentanément" a duré bien longtemps. De plus, chaque déménagement la perturbe durablement et, en ce moment, je pense qu'elle est suffisamment perturbée. Il insiste un peu et je refuse tout net. Je sais qu'il existe d'autres lieux dans la clinique où il est possible de brancher quelqu'un sur oxygène. Bien sûr, ça leur complique un peu la vie, mais si peu. Alors, pourquoi toujours penser à ma mère? Il a la décence de ne pas poursuivre.

Aujourd'hui, je le croise dans le salon. Pas un mot, pas un regard. Je n'existe pas, je suis transparent. Il ne pouvait pas faire mieux: la mauvaise conscience que j'avais éprouvée avec mon refus s'est immédiatement évaporée. Grâce à lui, je suis reparti l'esprit tranquille. Il n'est beau que de l'extérieur.
(PS: son prédécesseur venait boire l'apéritif chez mes parents!)

2 commentaires:

Cornus a dit…

En tant qu'adulte, je ne suis pas encore tombé sur de tels médecins abrutis (je ne trouve pas d'autre mot).

Calyste a dit…

Cornus: j'en ai connu de très simples aussi, donc intelligents.