Autrefois, lorsque je lisais, je lisais. Lorsque j'écoutais de la musique, j'écoutais de la musique. J'étais dedans, immergé, envoûté, vibrant, m'identifiant. Je n'étais plus dans mon lit, je chevauchais dans les Steppes de l'Asie centrale , je tentais de survivre dans une île déserte dont je sentais le soleil ardent me brûler la peau, j'avais peur, j'aimais, je souffrais, je m'appelais Raskolnikov ou Emma, Aureliano Buendia, Werther ou Cléa, D'Artagnan ou Sherlock. Je me tenais au pied de la Croix, comme la Mère, gémissant et pleurant. Je devenais tour à tour le Comte et Chérubin, Tosca et le Baron Scarpia, Constance Bonacieux et Milady de Winter. Calyste n'existait plus. La réalité n'existait plus, la fiction devenait réelle.
Aujourd'hui, j'entends les notes, je les attends comme des amis que l'on invite un soir. Je sais ce qu'elles vont dire, ce que j'aime chez elles et ce que je n'aime pas. Parfois même mon attention s'envole et je ne reprends qu'à la fin du morceau. J'écoute les mots mais ces mots font des phrases, et ces phrases, je les regarde comme des phrases, bancales ou plaisantes, ennuyeuses à mourir ou pleines du charme discret de la légèreté. Les personnages sont eux, pas moi, bien distincts, bien différenciés, certains me font vibrer mais je ne les intègre plus et je sais que, souvent, ce que je lis n'ira pas plus loin que la dernière page tournée et le livre fermé. Ce n'est plus le soleil brûlant que je sens dans mon lit, c'est le poids de la couverture ou la douceur des draps. Et je m'endors sans savoir si j'y ai gagné ou si j'y ai perdu.
jeudi 27 octobre 2011
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4 commentaires:
Emma, c'est toi ?
Christophe: en doutais-tu ? Je sais bien, un autre a prétendu la même chose!
Il vaut mieux que tu sois toi, c'est plus simple pour les autres !
Cornus: mais alors, qui sont les autres?
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