Outre ses romans, biographies et nouvelles, Stefan Zweig a aussi produit de nombreux écrits sur l'Europe. Il serait parfois bon de s'en souvenir et de s'y référer même s'ils datent de quelques années.
"Si nous considérons l’Europe comme un organisme intellectuel unique – deux mille ans d’une culture édifiée
en commun nous en donnent sans réserve le droit – nous ne pouvons
éviter de reconnaître que cet organisme, au moment présent, a succombé à
une grave crise psychique. Dans toutes les nations ou presque se
manifestent les mêmes phénomènes de forte et brusque irritabilité malgré
une grande lassitude morale, un manque d’optimisme, une méfiance prête à
s’éveiller en toute occasion et la nervosité, l’humeur chagrine qui
résultent du sentiment général d’insécurité. Pour se
maintenir en équilibre, les humains doivent faire constamment un effort
psychique, de même que les États ne doivent pas relâcher leurs efforts
en matière d’économie ; on ajoute foi aux mauvaises nouvelles plus
facilement qu’à celles qui rendent l’espoir et les individus autant que
les États, plus qu’à d’autres époques du passé, semblent prêts à se haïr. La défiance mutuelle se révèle infiniment plus forte que la confiance."
(Stefan Zweig, La Pensée européenne dans son développement historique. In Derniers Messages.)
"La folie des nationalités explique pourquoi les peuples européens
sont devenus de plus en plus étrangers les uns aux autres, et cette
pathologique ignorance réciproque dure encore aujourd’hui ; elle a porté
au pinacle des politiciens à la vue courte et à la main leste, qui ne
se doutent même pas que leur politique de désunion ne peut être
nécessairement qu’un intermède [...]. On feint de ne pas voir [...] les signes qui annoncent avec le plus d’évidence que l’Europe veut s’unifier »
(Friedrich Nietzsche, Par delà le bien et le mal)
(L’esprit européen) « existe, sans aucun doute, mais il est encore à
l’état latent. Nous avons de cela la même certitude que l’astronome qui
voit apparaître dans sa lunette un astre dont ses calculs lui ont révélé
l’existence. Bien que l’esprit européen ne se soit pas encore
manifesté, nous savons avec une certitude mathématique qu’il existe. ».
(Stefan Zweig, Réponse à une enquête sur l'esprit européen, publiée dans les Nouvelles littéraires, 4 juillet 1936.)
dimanche 26 mai 2019
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2 commentaires:
Je connaissais les idées de Stefan Zweig à cet égard et cela me l'a rendu plus sympathique encore. Sinon, nous avons encore besoin d'inventer une meilleure Europe. Personnellement, je peux affirmer que l'Europe contribue de manière très significative à la protection de la nature et accessoirement à me faire vivre, même si c'est parfois difficile.
Cornus : Zweig a aussi des côtés plus surprenants, voire contestables, mais sa prose est une merveille.
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