lundi 30 mars 2009

Quietis dies (Jour de repos)

On a toujours l'impression que les journées vont durer, que l'on va faire des tas de choses, que l'on s'arrêtera le soir, heureux de la tâche accomplie et qu'en se retournant sur les heures écoulées, on ne pourra que se dire: " Je suis content de moi."
C'est ce que je me disais ce matin: un lundi entier ici, avec des impératifs médicaux bien sûr mais aussi des plages de temps immenses pour ranger, pour lire, pour téléphoner, pour rêver, pour dormir... Et puis, il est déjà six heures: les lettres en attente sont toujours sur le bureau, les papiers demandant à être classés traînent encore sur le canapé, j'ai bien terminé un roman mais pas entamé un autre, ma sieste fut bonne et réparatrice mais pas si longue que ça et la majorité de ce qui était en projet ce matin l'est encore ce soir.
Pourtant, je ne regrette pas ma journée. L'urgent a été réglé: visite chez le généraliste pour obtenir mon arrêt de travail, prise de rendez-vous avec l'urologue, détour par la pharmacie (ces temps-ci, les médicaments s'empilent chez moi, encore plus vite que les feuilles de papier.), téléphones avec le collège pour régler l'administratif et quelques impératifs pédagogiques. De ce côté-là, je suis à jour.
J'ai déjeuné avec J., lui aussi en forme moyenne. Nous avons ensemble un instant voyagé au pays des "ours" et c'est lui qui a répondu à mes messages, par jeu. Je ne sais pas où le reste du temps est passé. Quoi qu'il en soit, pas un instant je ne me suis senti coupable de ne pas être au travail. Personne, d'ailleurs, ne me l'a reproché. Dans mes trente trois ans d'enseignement, c'est ma troisième semaine d'absence: pas de quoi suspecter mon amour du travail, je pense.

Ce que je pensais devoir arriver, c'était plutôt les questions posées à moi-même sur le programme qui, pendant ce temps, ne se fait pas, sur les élèves qui restent avec des points incomplètement abordés, sur la rupture d'une certaine continuité logique des acquisitions, d'autant qu'ensuite il y a les quinze jours de vacances de Pâques. Eh bien non. Ce repos, je le prends sans états d'âme inutiles, en ayant, à certains moments, la conscience de l'avoir mérité. J'ai sans doute appris, peu à peu, à être plus égoïste.

4 commentaires:

La Discrète a dit…

Il faut savoir être égoïste face à la maladie...

Lancelot a dit…

Ce qui me fait rire, c'est que si tu ne te sentais pas quelque part coupable, tu ne l'écrirais pas, cette note....
Ah ce Calyste....

Trente-trois ans d'enseignement...? ça me laisse rêveur... J'en ai à peine fait la moitié... J'aurais pu t'avoir comme prof !
Ce ne sont pas de mesquines considérations sur notre écart d'âge (plus réduit que ce qu'on croit : tu as commencé tôt, probablement, et moi tard)... C'est simplement que... ça me laisse rêveur, voilà tout....

Calyste a dit…

Un doux rêve, Lancelot?

Calyste a dit…

Je le crois aussi, la Discrète.