dimanche 29 mars 2009

Mictions, clystères et doigts de fée.

Chez François-Jean, impossible de faire un gros pipi comme j'en avais terriblement besoin. Je réitérai à deux reprises: vainement. Rentré chez moi, je réessayai: toujours rien. Cela m'était déjà arrivé par le passé mais, me semblait-il, pas avec cette intensité. Je ne me trompais pas. J'eus beau feinter, attaquer l'ennemi par le revers, faire diversion savante, en venir à la force: rien n'y fit. Ma vessie refusait obstinément de rendre ce qui n'aurait dû être chez elle qu'en transit.

A plus de trois heures, ne dormant toujours pas et ressentant une douleur de plus en plus grande au bas du ventre, là où était apparue une boursouflure impressionnante, j'abandonnai la lutte. Je ne pouvais déjà plus me tenir couché ni assis sans de terribles élancements qui bientôt remontèrent jusqu'aux reins. Pendant que la position debout m'était encore permise, position pliée en deux plutôt, je téléphonai au Samu qui, rapidement, m'envoya une ambulance pour m'emmener aux urgences de Grange-Blanche.

Un hall presque désert: j'avais de la chance. Je fus immédiatement pris en charge par une équipe de nuit tout aussi sympathique que le tandem d'ambulanciers qui m'avait convoyé jusque là. L'une des infirmières présentes connaissait même Raphaël, ce qui me permit de bien vite me sentir presque chez moi. Comme je l'avais envisagé, on me dirigea aussitôt vers une sonde afin de libérer ce ventre qui n'en pouvait plus de gonfler.

L'intromission de la sonde fut pratiquée par un étudiant qui m'avoua ensuite que j'étais le premier homme qu'il introduise. In peto, j'éclatai de rire, bien sûr, mais ma grivoiserie s'arrêta là: quand vous avez un tuyau de plastique remontant dans la verge et permettant à un litre et demi d'urine de s'évader enfin, je vous assure que vous pensez à tout sauf à la coquinerie. D'ailleurs je n'étais pas non plus très sensible à son physique. Je dois aussi dire qu'il se débrouilla comme un chef, que je le complimentai sur sa douceur et qu'il me remercia au moins trois fois d'avoir accepté de servir de cobaye.

Après prise de sang, le reste de la nuit se passa en somnolences interrompues par la voisine du box d'en face, une jeune fille de vingt-six ans, qui ne cessa de hurler à travers la porte fermée. J'eus l'explication ce matin: elle était arrivée avec trois grammes quatre dans le sang et refusait le fait qu'on l'ait attachée. Comment fait-on pour accumuler autant d'alcool dans le sang? Comment peut-on ne pas être malade avant? Quel plaisir là derrière? Elle dit à un moment qu'elle avait bu quatre verres et qu'ensuite elle ne souvenait plus de rien.

Vers onze heures, on accepta enfin de me laisser repartir, en me faisant promettre de contacter rapidement mon urologue. Comme s'il était besoin de promettre. Je vais avoir cette laisse attachée à la partie la plus intime de ma personne pendant un mois. La moindre des choses, c'est que je sache exactement pourquoi.

A Grange-Blanche, ce matin, j'avais refusé l'arrêt maladie. J'ai finalement changé d'avis dans la journée. Outre le côté pratique qu'il va falloir gérer le plus intelligemment possible, et il faut bien reconnaître que marcher avec ce harnachement n'est pas toujours très aisé, je me sens, en tout cas aujourd'hui, assez fatigué, et je vais prendre le temps, sans avoir à courir sans cesse, de téléphoner aux spécialistes et de faire des examens si nécessaires. Cela, pour l'instant et dans mon cas, me semble plus intelligent que d'emmener cinquante sixièmes visiter le cinquième arrondissement gallo-romain pour finir par un guidage commenté par mes soins du Musée de la Civilisation Gallo-Romaine. Rome attendra ou, après tout, quelqu'un prendra ma place!

Voilà pourquoi, Monsieur, votre blog fut muet.
Si vous ne savez pas comment passer vos nuits de changement d'horaire, demandez-moi!

(Une heure plus tard: je me rends compte seulement maintenant que j'aurais bien pu prendre la photo précédente comme illustration de ce billet! Elle en aurait été un bon résumé.)

9 commentaires:

en passant... a dit…

pas marant tout cela, fais toi bien soigner surtout

Olivier Autissier a dit…

Si j'ai bien lu, mais je n'en suis pas certain, ça signifie que tu as gardé la sonde ? Non, rassure-moi.

MY a dit…

Aïe aïe aïe...
J'espère que l'urologue donnera de bonnes nouvelles. Bon courage !

Petrus a dit…

Mon grand-père avait ce problème...Courage et essaye d'obtenir un rendez-vous le plus vite possible !

Lancelot a dit…

Un mois ??? Ciel !

Dans les tags tu parles de "bobo" : j'admire ton courage. je 'ai pas expérimenté, mais je sais par ouï-dir que ce style de chose est extrêmement douloureux....

C'est bien d'avoir de l'humour dans ces cas-là ! :-)

piergil a dit…

ouille!... se faire "introduire" ainsi n'est guère engageant, mais dans l'urgence je suppose qu'on doit être prêt à tout accepter, même une grosse infirmière moustachue!

"je me rends compte seulement maintenant que j'aurais bien pu prendre la photo précédente comme illustration de ce billet! Elle en aurait été un bon résumé"...
Voilà ce que c'est de jouer avec les noeuds!!

Soigne toi bien.

S. a dit…

Bon courage!!! Ca me fait mal pour toi rien que d'en parler!!! Soigne toi bien et si jamais tu as besoin de quelques choses, je n'habite pas très loin!! ;-)
Bises, s.

Patrick a dit…

Argh...
Pensées.

Calyste a dit…

Merci à tous.