lundi 2 mars 2009

A propos du reste.

Dans mon diptyque, je veux aussi parler du reste: "quand l'alchimie opère, quand des liens secrets se tissent".

Il me semble que le physique n'y a que peu d'importance. Je ne suis jamais tombé amoureux des plus beaux mecs que j'ai rencontrés. Mes liens forts, d'amour, de tendresse, d'amitié, ils se sont noués avec des êtres plus communs, plus banals, plus proches de moi sans doute, avec des gens dont j'ai perçu très vite les faiblesses, les manques, les peurs, tout ce qui pouvait les rapprocher de moi, non comme des semblables, mais comme des frères. Pas des images à regarder, aussi belles soient-elles, mais des humains à aimer avec le meilleur de moi-même.

Le soir où j'ai rencontré Pierre, je ne l'aurais pas regardé si quelqu'un n'avait attiré mon attention sur lui. Il ne correspondait à aucun des critères physiques que je considérais comme essentiels à l'époque pour qu'un mec me plaise. Non qu'il soit laid, loin de là, mais il n'était pas mon "genre". Le sexe n'a d'ailleurs eu que peu d'importance dans nos années en commun. Notre attachement se situait ailleurs.

Pourquoi les atomes dits crochus se soudent-ils à certains moments et pas à d'autres, avec des gens auxquels on ne s'attendait pas à s'attacher? Peut-être, au moment de la rencontre, ces êtres étaient-ils la bonne réponse à la question que l'on ne savait même pas être en train de se poser. Les oisillons de Conrad Lorentz le considéraient comme leur mère, si je ne me trompe pas, parce qu'il était le premier "animal" qu'ils avaient vu en naissant. Peut-être pour nous est-ce la même chose au sortir d'une phase difficile.

Je découvre aussi, peu à peu, que, en amitié surtout, des gens à l'importance secondaire au début finissent par nous devenir très proches: c'est pour moi le cas avec Jean-marc, par exemple, alors que d'autres, essentiels un temps, s'éloignent et que je les laisse s'éloigner, ce que je ne pouvais concevoir simplement dix ans en arrière.

Quelqu'un parlait autrefois des "affinités électives". J'aime cette expression car elle indique que, pour toute relation essentielle, il y a choix. On ne choisit pas ses coups de foudre (ou de sang) et ils ne durent pas. On choisit, je pense, l'être ou les êtres à qui l'on va se livrer davantage qu'aux autres, ceux devant qui on peut (presque) être soi-même, ceux devant qui on acceptera de baisser certains masques et de se montrer en vérité. C'est une des plus grande joie de l'existence que de voir parfois le vrai visage de l'autre.

Je pense enfin qu'une relation vraie, importante dans une vie, se construit, que ce n'est pas un don direct, acquis pour toujours. Si le sentiment y occupe la première place, l'intelligence n'est pas loin derrière. Accepter l'autre tel qu'il est, ne pas vouloir le ligoter, le refaçonner comme on le voudrait, cela demande un effort et de l'intelligence. J'ai lu, quelque part, dans un blog que je suis toujours, la phrase suivante (je cite de mémoire): "J'aimerais qu'on m'aime intelligemment." Je crois effectivement que l'amour ne peut être qu'intelligence. Une intelligence au quotidien.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

...finalité d'une vie.

Calyste a dit…

Joie aussi, vous le savez.

Anonyme a dit…

Intelligence, et persévérance. Ah oui. Persévérance.