mercredi 4 mars 2009

Le Progrès

Je suis dans la correction des rapports de stage de mes élèves de troisième. L'une d'entre eux, qui a passé trois jours dans les locaux du journal Le Progrès, le plus ancien quotidien de la presse régionale de France, a eu la bonne idée de joindre en annexe à son dossier un fac simile de la première édition, le 12 décembre 1859, il y a donc pratiquement 150 ans. Voici quelques extraits de la page de une:

C'est l'opinion des moralistes initiés aux mystères du cœur humain, que ce qui coûte le plus dans la vie, ce ne sont pas les actes héroïques accompagnés d'un certain éclat, mais la pratique constante des vertus qui font l'honnête homme. De même, croyons-nous à notre tour, le lecteur nous saura gré et nous tiendra compte de nos efforts quotidiens pour propager la vérité plus que d'une profession de foi éloquente! Combien y en a-t-il qui dorment trop oubliées, surtout peut-être de ceux qui les ont faites?
En inscrivant en tête de ces colonnes le titre qu'on vient de lire, en déclarant qu'il le prendra au sérieux, notre journal nous semble suffisamment révéler ses principes à des lecteurs intelligents, et notre erreur serait grande si tous les hommes un peu expérimentés dans le journalisme ne reconnaissaient pas que depuis quelques années l'intelligence des lecteurs français s'est habituée à pénétrer la pensée de l'écrivain.
Le progrès, a dit un publiciste contemporain, est un accroissement de vie. Contribuer dans la mesure du possible au développement et à l'expansion de la vie individuelle et collective, telle est l'ambition caressée par les rédacteurs de cette feuille nouvelle. L'histoire leur a appris et ils sentent bien trop que l'homme ne vit pas seulement de pain (...)
C'est dans cet esprit, bien convaincus de la puissance des idées et de la persistance de l'opinion, les rédacteurs du Progrès s'adressent à elle en toute assurance, répétant avec une adhésion complète ce que disait Lamennais dans l'Avenir de 1830: " Il y a désormais un sentiment qui doit effacer tous les souvenirs pénibles, un mot qui doit nous unir tous, la liberté!"
(...) Un nouveau journal doit être un journal nouveau. Le Progrès se propose en premier lieu de donner à ses lecteurs, non pas des amplifications plus ou moins littéraires sur des thèmes connus, mais un ensemble d'études exactes, de renseignements positifs sur tous les grands faits politiques, économiques, littéraires, scientifiques, qui, à Lyon, ou dans les départements voisins, en France ou à l'étranger, mérite l'examen d'un esprit sérieux. Et nous entendons par esprit sérieux celui qui se préoccupe de l'avancement des individus et des peuples en moralité, en liberté, en bien-être, ainsi que des droits immortels de la conscience humaine.


Heureux temps! En changeant quelques mots un tantinet vieillis, le message devrait rester d'actualité et nombre de journalistes s'en inspirer!
Rappelons pour finir que le journal, le 11 novembre 1942, refusa la censure de Vichy et se saborda pour ne reparaître que le 8 septembre 1943.

2 commentaires:

MY a dit…

Reflet d'une époque, avec un message et un titre très positiviste (au sens d'Auguste Comte)... Maintenant, le Progrès fait davantage penser à un journal gratuit amélioré, mais il fut un temps où Le Progrès a aussi eu ses grands reporters.

Calyste a dit…

Je ne lis plus aucun journal: la radio est quasiment ma seule source d'information.