Rude journée de travail aujourd'hui, sans grand intérêt.
Un simple constat: la violence entre pré-adolescents et même entre enfants se généralise et se banalise. Il a fallu intervenir auprès des garçons de ma classe de 5° pour remettre quelques pendules à l'heure. Ils ont volontiers parlé de leurs pratiques en matière de "jeux", tous affublés de noms exotiques, tels que "la table d'opérations", "taxi", "le fil électrique" ou "pitchenette", ce dernier consistant à frapper ou à tordre les testicules de ses camarades au moment où ils s'y attendent le moins.
Qu'ils s'adonnent à ce genre de conneries, c'est déjà quelque chose, mais qu'ils en parlent sans aucune retenue, c'est la preuve que, pour eux, ces agissements sont aussi innocents que l'épervier ou la marelle d'antan. Et c'est là où je ne comprends plus: qu'est-ce que ça a de drôle? Quelle satisfaction éprouvent-ils? J'ai toujours défendu le droit des garçons à se comporter différemment des filles, à s'exprimer davantage avec leur corps, à extérioriser leur "malitude" dans un univers scolaire très majoritairement trusté par des femmes, où les fillettes et leur comportement sont présentés comme le modèle à suivre. Mais là, non. Je crains que tout ceci ne soit que le signe d'une bêtise galopante et pleinement assumée, ou alors d'un ennui si profond, d'un désespoir si grand que tout est préférable à l'immobilité.
Et lorsqu'on leur explique que de tels gestes peuvent être lourds de conséquences, que l'enfant agressé peut devenir stérile, que c'est ne pas respecter l'autre que de toucher à son intégrité physique, ils redeviennent des enfants, ils prennent leur tête de fautif que l'on conduit au coin pour un quart d'heure et qui implore déjà le pardon. Mais après la sonnerie, dans le couloir, dans l'escalier, dans la cour, la jungle reprend ses droits.
Pour quand les premières flingueries à l'américaine dans un collège français?
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