Deux élèves de sixième, l'un blond et l'autre brun. Le brun avait oublié son livre, La Rivière à l'envers, de Jean-Claude Mourlevat. Ils suivaient sur le même exemplaire. Toute la classe en silence, concentrée sur le rêve. Et les deux têtes penchées l'une vers l'autre, à se frôler, blond et brun mêlés . Dehors, la splendeur dorée des arbres du parc et la lumière douce d'automne qui baignait la salle. L'émotion m'a envahi devant tant de beauté. Sans doute un moment de paradis.
J'ai eu le coeur serré devant la fragilité de cet instant. Mais c'est une grâce d'avoir pu le connaître. J'ai pensé à ce poème de Hugo, dans Les Contemplations (I,3) :
Mes deux Filles
Dans le frais clair obscur du soir charmant qui tombe,
L'une pareille au cygne et l'autre à la colombe,
Belles, et toutes deux joyeuses, ô douceur!
Voyez, la grande soeur et la petite soeur
Sont assises au seuil du jardin, et sur elles
Un bouquet d'oeillets blancs aux longues tiges frêles,
Dans une urne de marbre agité par le vent,
Se penche, et les regarde, immobile et vivant,
Et frissonne dans l'ombre, et semble, au bord du vase,
Un vol de papillons arrêté dans l'extase.
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