Hier, je n'ai rien écrit. La soirée a passé très rapidement en problèmes devant l'écran: impossible de lire mes nouveaux messages. J'ai fini par téléphoner à S. qui m'a rassuré en me disant que sans doute le problème venait de Yahoo. Mais il était trop tard: la technique m'avait pris la tête, je me suis avachi devant la télé sans reprendre ces Riens.
Pourtant, j'étais content de mon déjeuner avec K, ma vieille amie et ancienne collègue. Elle espérait me voir un de ces samanches d'automne chez elle, à la campagne: après-midi au jardin à rire comme des gosses, soirée devant une dame chinoise, coucher fort tard, matin à récupérer. J'y ai plusieurs fois pensé: comme les couleurs doivent être belles en ce moment, là-bas. Et puis la chambre bleue, ma chambre, qui m'attend, avec son grand lit en bois sombre et sa couette dont le poids sur mon corps me rassure.
Mais elle ne m'a jamais vu arriver: trop d'autres occupations. Trop? Non! Enfin d'autres occupations.
J'aime K. et j'ai voulu être totalement sincère avec elle. C'était la seule de mes amies à ne pas être au courant de mon homosexualité. Pourquoi, alors que nous sommes si proches? Parce qu'elle m'a trop souvent posé la question. Et je n'obéis jamais au doigt et à l'oeil. Il suffit que l'on me traque, que l'on me force, pour que je ferme hermétiquement la coquille.
Enfin, c'est dit. Elle me pensait bi, elle n'était donc pas très loin de la réalité. D'ailleurs, c'est ce que j'aurais aimé être.
Elle a lu, avec mon autorisation, quelques passages de ces écrits, et n'a pas eu l'air trop déçue. Ça me rassure, car je n'ai pas de recul. Elle m'a fait, en gros, les mêmes commentaires que J.
Et puis, elle m'a dit que non, décidément, elle avait du mal à imaginer que je n'étais pas beau quand j'étais enfant. Un cadeau, cette phrase, comme dessert!
Aujourd'hui, J. est venu manger ici, comme tous les mercredis. Mes piètres talents culinaires ne le rebutent pas.
J'aime parler avec lui, j'aime ses sourires coquins, j'aime la tendresse infinie de certains de ses regards, j'aime lorsque ces regards s'assombrissent et partent au loin dans ses pensées intimes, j'aime notre complicité grandissante, j'aime nos rires, j'aime son odeur, quand je l'embrasse dans le cou, j'aime ses caresses et son souffle sur ma nuque, j'aime lorsque nous nous enlaçons dans la cuisine, en surveillant d'un oeil le contenu des casseroles, j'aime le raccompagner jusqu'à la plus proche station vélov', j'aime, avant qu'il s'en aille, le baiser que nous échangeons dans la rue, près, si près de nos deux bouches.
Et j'aime tout ce que je tais ici et qui ne concerne que nous.
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