Galipette: un bien joli mot, en accord parfait avec son sens.
Gallo-romain: les gaulois ont été les seuls à voir leur nom accolé à celui des romains: on ne parle pas d'ibéro-romain, encore moins de germano-romain.
Sans doute est-ce là une des premières marques de la grande proximité entre les deux peuples. Les Italiens sont nos cousins très proches, a-t-on coutume de dire en France.
Moi, je me sens tellement bien là-bas. Peut-être ai-je comme lointain ancêtre un vétéran de l'armée de César ayant décidé de finir ses jours dans cette douce province , auprès d'une gauloise accueillante? A moins que ce ne soit une patricienne romaine venue s'encanailler dans les bras musclés d'un bûcheron celte. A tout prendre, la deuxième solution me plairait davantage: j'aime les gens qui dérogent par amour ou sensualité.
Green (Julien): une étrange rencontre. Pierre m'ayant conseillé de lire quelques-uns de ses romans, j'ai commencé par le détester: toute cette littérature me semblait respirer le cul-béni, le tartuffe, l'hypocrite. Pourquoi ne pas parler plus ouvertement de son "vice"? Pourquoi se cacher derrière des faux-semblants? J'ai donc décidé de rédiger, à la faculté de lettres, un mémoire pour descendre en flèche cet individu trop papelard à mon goût.
J'ai lu, j'ai lu, j'ai lu: romans, pièces de théâtre, journal surtout. Et ma colère a été désarmée: ce que je prenais pour de l'hypocrisie était de la délicatesse, son rapport au mal, au péché, moins caricatural que je ne me l'imaginais. J'ai découvert un homme qui souffrait certes de ne pouvoir parler, mais qui se battait pour que sa bouche s'ouvre enfin.
Par un ami, j'ai eu la possibilité de le rencontrer (Green a même évoqué cette rencontre dans son Journal, nous comparant, Pierre et moi, à deux enfants perdus dans la forêt). Le soir de l'entrevue, j'étais fébrile: c'était le premier écrivain que j'allais approcher, en chair et en os, et en plus chez lui. Nous avons frappé à sa porte. Un moment assez long d'attente (du moins il me semblait), un léger frottement sur le parquet derrière la porte, et c'était lui qui l'ouvrait, simplement, sans cérémonial d'introduction par un serviteur zélé. Il nous conduisit dans un petit salon et nous fit asseoir dans de confortables fauteuils .
C'était un homme de taille moyenne, sans grande beauté mais dont l'extérieur et la voix respiraient la douceur et la sérénité. Il nous confia qu'il avait pris le rendez-vous en cette fin d'après-midi car c'était son heure préférée de la journée: le moment entre chien et loup où la lumière est la plus belle alors que les contours des choses et des gens s'estompent peu à peu.
J'étais sous le charme.
Malheureusement, cela ne dura guère, car il oublia vite mon travail universitaire, il esquiva mes questions un peu trop pressantes sur ces relations avec Gide pour ne plus s'intéresser qu'à la situation de Pierre: comment un prêtre peut-il quitter son sacerdoce pour vivre une histoire d'amour avec un garçon? Il ne comprenait pas. Moi non plus, à l'époque, je ne compris pas Green.
Le soir-même, alors que Pierre avait dû rentrer à Lyon pour son travail, je rencontrai un autre écrivain homo, beaucoup plus libéré celui-ci, dans une boîte de nuit près de l'Opéra.
Grünewald (Matthias): qui n'a pas vu le Christ de son polyptique d'Issenheim au musée de Colmar n'a aucune idée de la douleur de la Passion.
vendredi 12 octobre 2007
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