lundi 22 octobre 2007

Abécédaire (O)

Orchestre: le moment que je préfère au concert, lorsque tous les musiciens, dans la fosse, accordent leurs instruments. Ça me donne chaque fois le frisson, comme si j'assistais aux prémices d'une initiation, comme si, pour moi, des portes allaient s'ouvrir sur un mystère sacré. Par ces notes dissonantes, je suis déjà dans le temple.
Odyssée: j'ai longtemps cru que, de l'oeuvre d'Homère, c'était, des deux, la seule partie digne d'être lue.
Faux: L'Iliade est une splendeur et, si l'on vient à bout des listes des armées et de leurs chefs (que l'on peut tout aussi bien ne pas lire), on découvre des merveilles, dont les sublimes adieux d'Hector et d'Andromaque.
Olympie: la beauté du site au printemps (comparable à celui de Delphes en été, pour mon goût). Nous le visitions avec les élèves vers la fin février, début mars.
Partis de France dans le froid et la grisaille, nous trouvions souvent là-bas les premières douceurs du printemps. Et Déméter avait déjà repris son ouvrage. Le site était couvert de fleurs champêtres, des mauves pâles, des jaunes soufrées, des rouges éclatantes, qui envahissaient même les pelouses dominant l'antique stade.
J-M couché à plat ventre dans l'herbe pour photographier une anémone sauvage, alors qu'une leucémie foudroyante allait l'emporter quelques temps plus tard. Les courses organisées sur le stage entre nos grands niais de garçons qui se prenaient déjà pour des champions olympiques. Tous ces voyages organisés avec Ev., un peu comme un papa et une maman emmèneraient leur (très nombreuses) famille à la rencontre de la culture.
Et par dessus tout ça, la voix imperturbable de notre guide, Dora, que nous adorions et qui nous le rendait bien.
Je ne referais pas tout cela, mais comme je suis fier de l'avoir fait.
Orphée: restons en Grèce et dans la musique. Orphée, après la disparition définitive d'Eurydice, fut, selon la légende, déchiqueté par les Bacchantes "furieuses de son amour exclusif"comme dit le Petit Larousse, qui oublie de préciser que cette exclusivité ne concernait que la partie féminine de sa sexualité, l'autre marchait fort bien, je vous remercie. De là à en faire le premier martyre homo, il y a un pas que je ne franchirais pas.

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