lundi 29 octobre 2007

Riens (20)

Quel bel automne! J'ai vécu samedi et dimanche avec ce refrain dans la tête, l'oeil rivé sur les lointains brumeux.
Samedi, J. m'a proposé de passer la journée avec lui: je n'ai pas dit non! Le matin, temps couvert, ciel gris, mais pas froid: l'idéal pour mes trois tours de Parc. Puis j'ai rejoint J. chez lui, où il m'attendait pour déjeuner avec son fils S.
Je suis émerveillé de leur tendresse réciproque: là, c'est la main de J. qui ébouriffait la tignasse de S. bougonnant, bien que visiblement ravi. Je suis toujours ému d'assister à ces petits gestes entre un père et son fils.
Puis nous sommes partis tous les deux direction mon collège pour prendre des photos des lieux et de Lyon. Le soleil était encore bien timide mais s'affirmait de plus en plus. Je lui ai fait visiter les locaux, très heureux de lui présenter mon cadre de travail et en même temps gêné, pas préparé à ce que ces deux univers se rencontrent. C'est pourtant moi qui le lui avait proposé. J'avais aussi emporté mon nouvel appareil photos. Peu à peu, je me suis senti plus à l'aise et nous avons alterné flashs et bisous.
Le vendredi soir, nous avions eu une longue conversation téléphonique où il était question de notre relation. Je n'en parlerai pas ici: elle a été sincère des deux côtés et restera intime. Je crois que nous avons parfaitement réussi à nous comprendre, même si parfois, comme le dit Aragon, "les mots sont des oiseaux blessés."
Le soir, côte à côte sur le lit, nous avons feuilleté un très beau livre de plans de Lyon qui a été offert à J. pour son anniversaire. Avec le recul, je crois que si quelqu'un nous avait filmés à ce moment-là, nous devions ressembler à deux enfants, deux frères désireux de s'instruire, comparant leur remarques, leurs points de vue très sérieusement et en même temps riant comme des fous quand il fallait changer de paires de lunettes ou les enlever pour pouvoir lire les tout petits caractères. Ah! La tête de coquin que te font tes lunettes bleues, J.! Merci pour la belle journée.
Dimanche, c'est la vue du massif du Pilat, face au cimetière où se trouve le caveau de ma famille, qui m'a ébloui. Là encore, le temps était légèrement brumeux et les reliefs s'estompaient un peu dans les lointains. Mais quelle beauté! Nous avons déposé les chrysanthèmes sur les tombes puis sommes rentré à Lyon par le chemin des écoliers, repassant dans le village où nous avons vécu notre enfance et sur les routes qui nous ont vu grandir.
Mais, pour moi, cet univers n'est plus le mien depuis longtemps, même si j'ai du plaisir à le retrouver. Depuis longtemps, je suis parti, j'ai fait ma vie ailleurs, j'ai aimé ailleurs, et je serai enterré ailleurs, même si je me prive pour l'éternité de la vue si paisible des sommets du Pilat.

1 commentaire:

JaHoVil a dit…

Tu as aussi vu les lunettes roses ?
Mais, je sais que tout n'est pas idylique, car je me souviens t'avoir répondu un peu sèchement lorsque tu m'as demandé une explication sur les identifiants. Je reconnais ne pas être très patient dans ses moments-là. Je pense à m'améliorer :)
J'ai passé un bon samedi avec toi, trop vite fini, comme toujours.