lundi 22 octobre 2007

Riens (15)

Rien, précisément aujourd'hui, à part la visite chez le notaire sur laquelle je n'ai pas envie de m'étendre.
Alors, j'ai le temps de me poser la question qui me trotte dans la tête depuis déjà quelque temps: pourquoi est-ce que j'écris ce blog? Pourquoi quasi tous les soirs ce besoin, cette nécessité de me retrouver devant cet écran? Je pourrais, comme avant, m'endormir tranquillement devant un film idiot à la télé, lire, écouter de la musique, les deux à la fois. Je ne le fais pas. Alors pourquoi ce rendez-vous de chaque soir?
Parce que J. a lui aussi un blog et que je veux faire comme lui? Absurde: je n'ai nullement envie de l'imiter et entends bien garder entière ma personnalité. Il serait grotesque de faire autrement. D'ailleurs, nos deux blocs, à de petites exceptions près, sont radicalement différents. J'aime ce que chacun de nous écrit, justement par la différence. Découvrir l'autre, ce n'est pas se regarder soi-même. De même que l'acquisition (bien involontaire) d'un appareil photos numérique n'est en rien un acte de mimétisme: je reviens là à mes anciennes amours pour la photo que j'avais mises en veilleuse lors de la maladie de Pierre, et à cause du coût élevé que ce passe-temps représentait. Je me sens ridicule d'écrire cela mais il fallait que je l'écrive.
Parce que j'ai besoin de cet exutoire, de cette thérapie pour retrouver un équilibre mis à mal ces dernières années? Non plus: tout ce travail de deuil et de reconstruction, je l'ai mené pratiquement seul, par entêtement, par volontarisme, parce que je pensais que Pierre aurait voulu qu'il en soit ainsi, parce que je voulais, moi, qu'il en soit ainsi, que je me relève: La Gloire de Dieu, c'est l'homme vivant. Quelques amis, par leur fidélité, par leur délicatesse, m'ont tout de même beaucoup aidé, en particulier E., A. et K., et puis j'aime la vie, je n'en suis pas encore rassasié. L'équilibre est en bonne voie, j'ai l'impression, et il l'était déjà lorsque j'ai commencé à écrire.
Par ambition littéraire? Pour me prouver que je sais écrire? Non, encore non. Je sais que je sais écrire quand je le veux. Comme à Pierre à qui l'on demandait de jouer de l'orgue, à moi on me demande de tourner une lettre, une circulaire, une requête. On me donne parfois à lire des écrits personnels pour que je donne mon avis "en toute objectivité" (comme si c'était possible avec des amis!) . J'ai moi-même beaucoup écrit il y a des années. Mais je ne veux pas de cette écriture-là, je l'ai déjà dit. Elle vient tout droit de ma formation littéraire, ce n'est pas moi, elle ment. Alors qu'ici, dans ce blog, j'y suis, et de plus en plus, je crois.
Par exhibitionnisme? A tout prendre, je préfère celui du corps, quand il attire à sa chaleur la chaleur d'un autre corps. Je n'ai pas encore assez de vécu sur internet pour penser que d'autres viennent lire ce que j'écris. D'ailleurs, à voir le nombre de commentaires, je ne dois pas être loin de la vérité.
Alors quoi? Je n'en sais rien. Je sais seulement que mon plaisir est grand à le faire. J'aimerais juste savoir parfois si l'agape est partagée ou si le repas est lourd ou insipide.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ecrire est souvent un exutoire.
Mais je trouve que tu donnes bien plus de toi et de façon gratuite.
Moi, j'aime bien, et je sais que tu ne m'imites pas, car je suis inimitable. ;-)
Bisous.