Encore de la neige. Depuis ce matin, à gros flocons, en tout cas sur la colline. Les élèves sont excités: perspective des vacances toutes proches et boules de neige interdites. On sent leur état électrique. En sixième, l'écriture du conte avance lentement. Cette année, je les ai mis en tandem, un conte à rédiger à deux. C'est, à mon avis, plus difficile, malgré les apparences. Et il faut sans cesse veiller à ce que les deux travaillent. On est d'ailleurs parfois surpris du résultat: ce ne sont pas forcément les meilleurs qui s'impliquent le plus. Demain, ils devront me rendre leurs copies. Du travail pour mes vacances.
J'espère profiter de ces quelques jours de repos pour quitter Lyon, changer le rythme, briser les habitudes. J'étouffe un peu en ce moment. Je n'ai pas bougé, sauf erreur, depuis août dernier. Peut-être dans le Gard, chez Jean-Marc.
Un collègue a été décoré des insignes de Chevalier dans l'ordre des Arts et des Lettres, sous les cristaux et les ors de la République. Pas un seul instant, je ne me suis senti impliqué. Revu des gens que j'ai beaucoup fréquenté autrefois. Ni chaud ni froid. A la plupart d'entre eux, je n'ai plus rien à dire. L'accueil très amical de l'ancien comptable de l'association m'a pourtant fait chaud au cœur. Impression qu'il aurait voulu parler davantage (de son divorce peut-être) mais on ne nous en a pas laissé l'occasion. Valse des mondanités, victoire de l'inutile sur le peu de mots qu'on aurait aimé dire ou entendre. Je suis reparti seul, une boule dans la gorge. Rentré à vélo. Trop fatigué pour faire le chemin à pied. Comme d'habitude, les photos que j'ai prises sont ratées: je ne sais pas photographier les gens. Je crois que c'est tout simplement parce que ça ne m'intéresse pas.
Mon frère, après une énième série de chimios doit se faire réinstaller (comme tous les deux mois) une nouvelle sonde. Sa femme est tout près de lui. J'admire leur courage. Tant de choses battent de l'aile en ce moment. Comment ai-je pu vivre tant d'années de bonheur sans jamais avoir un seul instant la moindre conscience d'être un privilégié? J'ai entamé le dernier tome, posthume, du journal de Sevran. Est-ce cela qui me ternit un peu le moral en ce moment? Il y parle de sa maladie sans jamais l'appeler par son nom. Je ne le suis pas sur cette voie-là. J'aime nommer un chat un chat. Un mot n'a jamais rendu personne malade, même si certains blessent. Il en d'autres, pourtant, qui guérissent.
A midi, mes collègues fêtaient le départ d'Aurélien. Je n'ai pas pu être présent. Rendez-vous de parents. Ce n'est pas plus mal: je n'aime pas les adieux officiels. Regret cependant de n'avoir fait qu'apercevoir Nicolas qui s'est trouvé là un peu par hasard. Les deux rendez-vous de début d'après-midi: parfaitement calmes et détendus. On m'avait pourtant prédit la difficulté. On apprend sans doute à bien faire, avec l'âge. Ou à bien cacher.
Un proverbe africain, pour finir, trouvé dans une papillote et que j'aimerais voir médité par certains de mes collègues: Que celui qui n'a pas traversé ne se moque pas de celui qui s'est noyé.
mardi 9 février 2010
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5 commentaires:
Bien le proverbe, je le retiendrai. Et comme quoi, il y a des trésors dans les papillotes. A l'avenir, je les lirai (peut-être) avant de bêtement les jeter avec l'emballage.
Un sur combien de papillotes, Olivier? Surtout, ça ne doit pas pousser à la (sur)consommation!
L'est pas malade, Calyste, au moins ?
je m'inquiète tout à coup ...
Non, non, j'arrive! Je suis très touché de vos deux commentaires, mes chéries. Un petit coup de flottement dans la tête, simplement. Merci et bises à toutes les deux.
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