dimanche 20 avril 2008
Un parmi d'autres, semblables.
Ce soir, je me sens l'âme d'un pilleur de blogs. C'est maintenant aux Jalons du Temps que je vais emprunter. J'espère que Totem me le pardonnera. Si cela l'incommodait, qu'il me le fasse savoir: je retirerais immédiatement ce billet, tout ou partie.
Dans son dernier écrit,il cite Aimé Césaire, le grand poète dont les obsèques se déroulent en ce moment-même aux Antilles. Je voudrais à mon tour reprendre cette citation, tant elle résume bien tout ce que je vis en ce moment, qui transparaît, trop sans doute, dans ces billets, tout ce que j'éprouve sans arriver toujours à l'exprimer clairement.
C'est quoi une vie d'homme? C'est le combat de l'ombre et de la lumière. C'est une lutte entre l'espoir et le désespoir, entre la lucidité et la ferveur... Je suis du côté de l'espérance mais d'une espérance conquise, lucide, hors de toute naïveté.
Aujourd'hui, malgré le temps maussade, c'est la lumière qui a gagné. Ma mère, mon frère et ma belle-soeur sont venus déjeuner chez moi. C'est la première fois que je fais à manger pour ma famille, c'est la première fois que j'élabore un vrai repas, de a à z. Avant, tout cela revenait à Pierre. Moi, je me chargeais de dresser le couvert et de faire la vaisselle.
Ils ont eu la gentillesse de trouver bon ce que je leur ai proposé (à mon goût aussi, ça n'était pas mauvais). Mais, au-delà de l'aimable caresse adressée à mon amour-propre, c'est bien autre chose qui s'est joué. Moi, le célibataire, celui qui ne sait pas faire grand-chose de ses dix doigts (sauf peut-être taper sur ce clavier, mais cela n'en nécessite que trois pour moi), j'ai conçu le repas de ma famille, je l'ai réalisé seul et je l'ai offert aux membre de cette famille dont c'est depuis toujours le privilège et l'apanage. Je crois qu'ils ont bien compris, mon frère et ma belle-soeur du moins, que ce n'était pas un banal repas, que l'importance était bien autre pour moi qu'une simple succession de plats.
De plus, je les ai vus attentifs à ma vie, au cadre où elle se déroule, à mes habitudes, à mes goûts, mes envies, mes doutes. Je crois que c'est la première fois, en tout cas que je le perçois. Nous avons échangé librement et ouvertement, sans arrière-pensées, sans retenues de langage. Ils m'ont proposé de l'aide pour rénover mon appartement, ma belle-soeur pour les idées, mon frère pour le coup de main. C'est bête à dire, mais tout à coup je me suis senti moins seul. J'ai une famille.
Bien sûr, je suis du genre à monter dans un bateau alors qu'il est en train de couler, à me découvrir une famille alors que ses membres disparaissent les uns après les autres, mais bon dieu que c'est bon, parfois, d'appartenir à quelque chose, un parmi d'autres, semblables!
Lumière encore, en rentrant tout à l'heure, après avoir ramené ma mère. A la radio, Judy Garland chante Somewhere over the rainbow.
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