jeudi 10 avril 2008

Destins royaux.

Voici l'histoire de Constantin telle que je la raconte à mes élèves. Il se peut qu'elle comporte des erreurs, je n'ai pas vérifié mes sources depuis bien longtemps, et le souvenir parfois déforme.

Le premier empereur romain à se convertir au Christianisme aurait vu, dans le ciel, une croix de feu accompagnée de ces mots: "In hoc signo vinces.", c'est à dire: "Par ce signe tu vaincras.". Ce prodige l'aurait poussé à embrasser la foi chrétienne et à l'imposer comme religion d'état à Rome.

La réalité me semble un peu plus complexe. La période était assez troublée et Rome se voyait affublée de deux empereurs: Constantin et Maxence (celui dont la basilique domine de ses voûtes à énormes caissons le bout de colline face au Colisée). D'autre part, les chrétiens, bien infiltrés dans la vie économique et administrative de l'empire, constituaient un groupe important et une force non négligeable. Constantin y vit sans doute des alliés à se concilier pour l'emporter définitivement sur son adversaire. La croix de feu apparaît donc au très bon moment pour lui: il vaincra Maxence à la bataille du pont Milvius.

Mais le plus intéressant, c'est la famille de Constantin. Son papa, Constance Chlore, dénommé ainsi à cause d'un teint de peau tirant sur le jaunâtre, mourut lors d'une expédition en Angleterre, à York, où il est enterré. Triste fin pour un homme du soleil. Mais avant de mourir, il avait eu l'occasion de rencontrer en Germanie une servante d'auberge, ma foi fort accorte, qu'il avait décidé d'emmener avec lui à Rome et d'épouser. Les mariages entre princes et bergères ne se voient pas que dans les contes, finalement. Hélène, de prostituée occasionnelle, devint donc impératrice.

Mais ni Constance ni Hélène n'étaient chrétiens, et la belle fit massacrer un certain nombre de ces "fanatiques". Aussi, lorsque Constantin se convertit, y eut-il urgence à remodeler l'Histoire. Hélène, pour se refaire une virginité morale, se convertit à son tour et partit pour la Terre Sainte. Et là, bien sûr, que croyez-vous qu'il arriva? Elle découvrit la Vraie Croix: celle sur laquelle le Christ avait été crucifié. Comment reconnut-elle la bonne au milieu de ses semblables qui, elles, avaient supporté de vulgaires esclaves? L'histoire ne le dit pas. Ce que l'on peut constater néanmoins, c'est que si on rassemble tous les morceaux de Vraie Croix répartis aujourd'hui dans le monde, il y a de quoi en dresser une forêt plus grande et plus touffue que Brocéliande au temps du valeureux Arthur.

Aussi incroyable que cela paraisse, la légende a fait son chemin et Hélène la soubrette est devenue Sainte Hélène, donnant par ailleurs son nom à un îlot désolé où disparut un autre "grand" de ce monde.

1 commentaire:

Cesco a dit…

Hélène et la vraie croix
Quelques compléments ici avec les récits (historiques ou hagiographiques) de la découverte de la Vraie Croix par sainte Hélène :

http://www.villemagne.net/site_fr/jerusalem-sainte-helene.php