samedi 12 avril 2008

Si tous les congratulaient.

Il paraît que le ministre des Armées, me semble-t-il, a félicité ses hommes pour le travail accompli lors de la libération de l'équipage pris en otage par des pirates.

Fort bien. Ainsi donc quiconque fait son travail, et rien que son travail, mérite les félicitations de son ministre ou de son supérieur hiérarchique ou du quidam moyen amené à le côtoyer dans l'exercice de ses fonctions.

Alors, dans ce cas, je félicite:
- ma mère pour m'avoir mis au monde (si, si!).
- mon père pour lui avoir procuré des spermatozoïdes en bon état de marche (au moins un!).
- mon boulanger grâce à qui, chaque jour, je ne suis pas obligé de lécher mon assiette.
- mon boucher qui m'évite d'avoir à débiter moi-même le boeuf en morceaux faits pour remplir mon assiette.
- l'ensemble de mes collègues qui se coltinent chaque jour ces merveilleuses petites blondes.
(Erratum: au lieu de "l'ensemble de mes collègues", il faut, bien entendu, lire: "ceux de mes collègues qui font chaque jour correctement leur travail et qui se coltinent...")
- le conducteur de la rame de métro qui n'a jamais pris le réseau en sens inverse.
- l'automobiliste qui, quand le feu passe au rouge, s'arrête gentiment pour laisser passer ceux pour qui ce même feu est au vert.
( Précision: double félicitation si cet automobiliste à l'arrêt est daltonien.)
- l'arbre qui perd ses feuilles en automne et les retrouve au printemps.
- l'arbre qui ne perd rien en automne et ne demande rien au printemps.
- l'arbre fruitier qui porte des fruits.
- l'arbre généalogique qui porte des générations.
- l'arbre de couche qui en tient plusieurs (cames).
- l'arbre à cames qui...heu... que... que je ne connais pas parce que je ne l'ai jamais rencontré.
( Erratum: il paraît que si. Je me renseigne.)
( Renseignement pris, voir précédent: arbre de couche.)
- la girafe pour son éternel air penché.
- le paon pour l'invention de la roue.
- la paonne pour le coup du même nom.
- tous les messieurs qui ont bien voulu, pour moi, se prêter au coup précédent.
- tous ceux qui ont bien voulu m'aider à la réparer;
- le caillou qui, au lieu de me faire tomber, accepte de recevoir mon pied dans la figure et atterrit dans le fossé, sans doute pour un bon bout de temps.
- le même caillou qui, s'étant ainsi retrouvé au contact de l'eau courante, est devenu galet, et donc poli.
- la vendeuse de Casino qui, tout à l'heure, a bien voulu comprendre que mettre des choux chantilly dans une boîte comme celle qu'elle avait choisie au départ nécessitait pour le moins un chausse-pied ou un art de la persuasion chantillesque hors du commun.
- les ruines de civilisations antiques qui nous apprennent tant de choses sur les hommes qui les ont habitées.
(Restriction: ces ruines-là s'évertuent à ne toujours présenter que le bas de leurs monuments, jamais la partie supérieure, allez savoir pourquoi. Donc bémol dans la félicitation.)

Encore, encore. Je ne voudrais oublier personne. Félicitations à tous donc. Congratulons-nous. Ministres et ministresses, même si parfois les mots grincent entre vous, congratulez-vous, félicitez-nous pour tout, pour rien, pour moins que rien. Pendant ce temps, la caravane (de la connerie) est passée et les chiens n'ont pas aboyé.

PS: je ne félicite pas le mec qui, il y a quelques mois, a trouvé follement amusant de casser mon rétroviseur, comme ça, pour le plaisir, plaisir sans doute intense puisqu'il a fait de même sur toute la longueur de la rue. Il faudra qu'il apprenne qu'il existe dans la vie des plaisirs autrement plus forts et constructifs. Je me tiens naturellement à sa disposition pour les lui "enseigner".

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Je félicite régulièrement mes collaborateurs pour le travail accompli aussi. Et même quand il n'est que leur travail. La reconnaissance est primordiale dans le travail. Elle génère de la motivation. Pour peu qu'elle soit faite avec sincérité.

Calyste a dit…

C'est bien là que le bât blesse. Je n'ai rien contre les félicitations. Se sentir reconnu et encouragé est indispensable, mais pas être pris pour un con qui mordra à l'appât et à qui ainsi on fera fermer sa gueule (si les deux mouvements sont possibles simultanément! Mais c'est une image.). Il me semble que, dans le passé politique récent, nous en avons eu de nombreux exemples.

Anonyme a dit…

A la différence du pékin moyen, ces messieurs du gouvernement détiennent la parole officielle et les médias qui vont avec. Que serait Sarkozy sans TF1? Il devrait féliciter ce tuyau médiatique de m....Pendant ce temps là les pauvres vident leurs greniers!
En tout cas ce billet là est amusant.

Anonyme a dit…

Il faut revenir à l'origine : féliciter Sarkozy d'avoir nommé un grand amateur et vendeur de chevaux de course à la tête de l'armée française.
Cet hippogriffe ne demande qu'à être mieux connu, avant d'être renvoyé dans ses foyers lors du prochain remaniement ministériel.