lundi 26 février 2024

L'Enfer (début du chant I)

Au milieu du chemin de notre vie, je me retrouvai dans une forêt obscure, car la voie droite était perdue. Ah dire ce qu’elle était est chose dure, cette forêt sauvage et âpre et impénétrable, qu’y penser renouvelle la peur ! Elle était si amère, que ne l’est guère plus la mort ; mais pour parler du bien que j’y trouvai, je dirai les autres choses qui m’y apparurent. Je ne sais pas bien redire comment j’y entrai, tant j’étais plein de sommeil en ce point où j’abandonnai la voie vraie. Mais, arrivé au pied d’une colline où se terminait cette vallée qui de peur m’avait percé le cœur, je regardai en haut, et vis ses épaulements déjà vêtus des rayons de la planète qui guide droit chacun par chaque chemin. Alors la peur fut un peu calmée, qui dans le lac du cœur m’avait duré la nuit que j’avais passée avec tant d’angoisse. Et comme celui qui, le souffle court, sorti de la mer, sur la rive se tourne vers l’eau périlleuse et la fixe, ainsi mon âme, qui fuyait encore se retourna pour regarder le passage qui jamais ne laissa personne en vie. Puis quand j’eus un peu reposé mon corps las, je repris ma route par la plage désert.,

(....) 

Tandis que je me précipitais vers le bas, fut offert à mes yeux celui qui semblait affaibli par un long silence. Quand, je le vis dans le grand désert, « Miserere de moi », lui criai-je, « qui que tu sois, ou ombre ou homme réel!». Il répondit : « Homme ne suis, jadis homme je fus et mes parents furent lombards, mantouans de patrie tous deux. Je naquis sub Julio, bien que tard, et vécus à Rome sous le bon Auguste, au temps des dieux faux et menteurs. Je fus poète, et chantai ce juste fils d’Anchise qui vint de Troie, après que la superbe Ilion fut brûlée. Mais toi pourquoi retournes-tu à tant de peines ? Pourquoi ne gravis-tu pas le délicieux mont, qui est principe et cause de toute joie ?" « Serais-tu ce Virgile et cette source d’où s’échappe un si large fleuve de langage ?», lui répondis-je la honte au front.« Ô honneur et lumière des autres poètes, que m’aident la longue étude et le grand amour qui m’a fait lire et relire ton œuvre. Tu es mon maître et mon modèle. (...)

La barque de Dante, Delacroix (1822)

3 commentaires:

Cornus a dit…

Il a rien compris à la forêt. C'est n'est pas le seul, mais tous ont absolument tort.

Calyste a dit…

Cornus : peut-être n'est-ce qu'une métaphore ?

Cornus a dit…

Calyste> Peu importe, c'est encore pire ! 😁😁😁