A droite, au fond du hall d'entrée, près de la porte de la cour (où donnait sa seule fenêtre), la loge de la concierge, Madame F. J'avais vingt ans, elle devait en avoir une soixantaine, elle me paraissait vieille. Mais ce qui marquait chez elle, c'était sa corpulence. Je l'ai vue plus souvent assise sur une chaise dont débordait son imposant postérieur que debout à nettoyer la montée d'escalier. Mais tous les bourgeois de l'immeuble l'avait adoptée et pas question de lui faire la moindre remarque.
Personne n'entrait dans cette loge. J'ai eu cet "honneur" lorsqu'elle me demanda d'acheter pour elle un bouquet de fleurs qu'elle voulait offrir à un mariage. Je me suis faufilé dans cette pièce qui ne devait pas dépasser les cinq mètres carrés et où s'entassaient télévisions hors d'usage, pneus de voiture usagés et autres objets à elle tout aussi inutiles. D'un vieux sac à main, elle sortit un billet de cinq cents francs pris au hasard parmi d'autres nombreux semblables (je n'en avais jamais vu autant !). Au retour (le bouquet n'en valait pas le dixième), elle ne voulut pas de sa monnaie. Le bonheur à l'état pur pour moi qui était étudiant ne roulant pas sur l'or !
C'est la seule fois où je suis entré dans son antre. Le reste du temps, nos échanges se passaient dans le hall où elle se tenait la majeure partie de la journée. Elle avait fait de M., le "chef" de la communauté, son héritier. A sa mort, nous avons découvert qu'elle était propriétaire d'un grand appartement, toujours dans ce quartier chic, appartement où il était impossible d'entrer car tout aussi encombré que la loge. J'ai appris plus tard ce qu'était le syndrome de Diogène. A l'époque, ce brave homme n'était que celui qui avait viré Alexandre de son soleil ... Mais moi aussi, je cherchais .... Bon, passons !
2 commentaires:
Il existe des variantes au syndrome de Diogène... et j'en connais qui en sont vraisemblablement atteints.
Cornus : aucune idée mais, de toute façon, cette concierge avait la sagesse de Diogène !
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