jeudi 8 février 2024

Ces poèmes qu'on nous a toujours cachés

Monte sur moi

Monte sur moi comme une femme

Que je baiserais en gamin

Là. C’est cela. T’es à ta main ?

Tandis que mon vit t’entre, lame


Dans du beurre, du moins ainsi

Je puis te baiser sur la bouche,

Te faire une langue farouche

Et cochonne et si douce, aussi !


Je vois tes yeux auxquels je plonge

Les miens jusqu’au fond de ton cœur

D’où mon désir revient vainqueur

Dans une luxure de songe.


Je caresse le dos nerveux,

Les flancs ardents et frais, la nuque,

La double mignonne perruque

Des aisselles et les cheveux !


Ton cul à cheval sur mes cuisses

Les pénètre de son doux poids

Pendant que s’ébat mon lourdois

Aux fins que tu te réjouisses,


Et tu te réjouis, petit,

Car voici que ta belle gourle

Jalouse aussi d’avoir son rôle,

Vite, vite, gonfle, grandit,


Raidit… Ciel ! la goutte, la perle

Avant-courrière vient briller

Au méat rose : l’avaler,

Moi, je le dois, puisque déferle


Le mien de flux, or c’est mon lot

De faire tôt d’avoir aux lèvres

Ton gland chéri tout lourd de fièvres

Qu’il décharge en un royal flot.


Lait suprême, divin phosphore

Sentant bon la fleur d’amandier,

Où vient l’âpre soif mendier,

La soif de toi qui me dévore


Mais il va, riche et généreux,

Le don de ton adolescence,

Communiant de ton essence,

Tout mon être ivre d’être heureux.

Paul Verlaine, Hombres, 1891

2 commentaires:

Cornus a dit…

Classé X en effet.

Calyste a dit…

Cornus : oui, loin de ce que l'on nous a appris !