Ces jours-ci, pour les vœux, j'ai téléphoné à la mère d'Yvon, cette femme qui a vu deux de ses fils se suicider, l'un sans doute par imitation de l'autre, et qui m'avait bouleversé en pensant davantage à moi qu'à elle à la mort de mon ami d'enfance.
J'avais perdu sa trace, le numéro de l'appartement où elle a toujours vécu ne répondant plus. Je l'ai retrouvée dans une maison de retraite, dans la banlieue de Saint-Etienne, et c'est presque un miracle. Elle a maintenant 94 ans et a tout de suite su qui j'étais. Dur pour elle d'avoir quitté le cadre où elle a passé toute sa vie, des années difficiles quand son mari alcoolique était encore en vie, puis des années plus douces, à faire tranquillement des mots croisés en attendant que le temps passe.
J'ai moi aussi immédiatement reconnu sa voix, un peu tremblante (mais elle l'a toujours été) et son rire qui fuse et qu'elle réprime un peu comme si elle s'en excusait. Elle m'a dit avoir toute sa tête, même si le reste ne suit plus, mais j'ai pu constater que les oreilles s'étaient sérieusement ensablées depuis deux ou trois ans que je ne l'aie vue.
Je lui ai promis d'aller lui rendre visite. Le ferai-je ? Il ne faudra pas trop traîner.
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3 commentaires:
bien sûr qu'il faut y aller.
A présent, je connais peu de personnes proches dans ces âges là, à l'exclusion d'une seule dame d'une gentillesse exceptionnelle. Pas question désormais de louper une année sans aller la voir chez elle.
PP: bien sûr que je le ferai.
Cornus: j'ai aussi une tante, à laquelle je tiens beaucoup et que j'ai appelé en janvier. J'ai du mal à imaginer qu'un jour, elle ne sera plus là.
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