Voir apparaître un nouveau roman de John Irving à la vitrine d'un libraire, c'est toujours pour moi un grand moment. Depuis le choc reçu à la lecture du Monde selon Garp, je n'en ai manqué que bien peu: deux en fait, dont l'un (un recueil de nouvelles) que je viens d'acheter en livre de poche.
Celui-ci, Dernière Nuit à Twisted River, j'avais vu l'auteur le présenter à La Grande Librairie lors d'une émission enregistrée aux États-Unis et il m'avait encore une fois accroché. En fait, j'ai été déçu par bien peu de ses livres mais j'étais resté sur l'impression d'ennui ressenti avec le précédent, Je reviendrai.
Cette fois-ci, je n'ai pas décroché pendant les presque six cents de ce pavé. Tout y est de l'univers d'Irving pour qui en est familier: l'avortement, l'ours, le chien, la part essentielle et contestée de la femme, l'accident pendant la fellation, la lutte gréco-romaine, le tatouage. Résumé à ces quelques éléments, cela peut paraître grotesque. Pourtant, c'est un livre captivant. Sur trois générations, l'auteur nous fait suivre la vie (et la mort pour deux d'entre eux) de trois hommes, d'abord dans une petite ville de bûcherons, puis dans la cuisine de restaurants canadiens, enfin dans le bureau d'un écrivain à succès.
Attention: il ne s'agit nullement d'une saga. Je n'aurais pas pu le lire si c'était ça. Le monde selon Irving est un monde à la fois à part et totalement ancré dans la réalité contemporaine (au moins pour la fin de ce roman). Et, ici, pour la première fois, j'ai pu, en même temps que je lisais, percevoir la construction du roman (qu'il évoque, d'ailleurs, sous couvert de fiction, dans un des derniers chapitres) et comprendre le mécanisme de ses nombreux pièges. Ce qui m'aurait fait fuir chez un autre, pour qui j'aurais parlé de ficelles, m'a procuré chez lui un grand plaisir intellectuel à la découverte d'une intelligence littéraire rare. Mais que ce que je viens d'écrire ne vous rebute pas: Dernière Nuit à Twisted River n'est pas un roman cérébral. La chair et le corps y ont, comme d'habitude, une part primordiale.
mardi 29 mars 2011
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6 commentaires:
L'émission de Busnel ne m'avait pas accrochée; ce qui est injuste, je le reconnais, par rapport à un auteur. Mais Irving dans sa salle de lutte, Irving en propriétaire cossu dans une baraque dont l'ameublement me semblait pompier, ça ne me donnait pas du tout envie de lirE son dernier bouquin.
Busnel n'est pas un bon journaliste, je pense. Les questions ne sont jamais profondes ni pertinentes. Il me semble plus attaché à cacher ses grandes oreilles (le pauvre, c'est la seule partie du corps qui continue à grandir toute la vie!) qu'à entrer vraiment dans le monde de l'écrivain et à le titiller! (Mankell chez Busnel et Mankell en "vrai", ça n'a rien à voir!)
A lire ta critique, je me sens un peu réconciliée: Le monde selon Garp reste pour moi un livre culte... Je le lirai donc, si je n'oublie pas le titre! Rires.
Christine: d'accord avec toi sur Busnel. Je m'y suis laissé prendre au début (il a aussi une émission l'après-midi sur France Inter, dont j'écoute un moment en allant chez ma mère) mais je commence maintenant à en voir les limites. Moi, c'est l'émission sur la littérature scandinave qui ne m'avait pas trop accroché, et particulièrement Mankell justement.
Je pense la même chose que Christine. Busnel n'est pas un très bon journaliste. Ses questions ne sont pas très "pointues". Avec lui tous les livres sont des chefs-d'oeuvre. Il m'agace. J'ai même cessé de regarder son émission, sauf quand apparaît un écrivain que j'aime particulièrement. En revanche, et je souris, j'ai adoré l'architecture de la maison de Irving. Je n'ai pas le souvenir de la salle de lutte parce que j'ai zappé assez vite, ne trouvant pas ce personnage très sympathique. Je ne connais pas très bien l'oeuvre de cet écrivain. Alors, je viens d'acheter L'HOTEL NEW HAMPSHIRE. Quant aux oreilles de Busnel, je tremble. Etes-vous certaine Christine que c'est la seule partie du corps qui continue à grandir ? Je croyais qu'à l'âge de 7 ans, ça s'arrêtait. Enfin, c'est ce que j'ai dit à mon fils pendant des années, pour le consoler.
Anna: lis d'abord Le Monde selon Garp. C'est, à mon avis, celui qui introduit le mieux à cet auteur. Mais L'Hôtel New Hampshire m'avait également beaucoup plu.
Quant à la taille des oreilles,.... tu aurais pu me consoler aussi!
Il y a quelque chose d'étrange avec J. Irving. Mes connaissances m'encouragent sans cesse à le lire pensant que je suis une lectrice d'Irving qui s'ignore... Alors je lis, je m'enthousiasme sur une centaine de pages et je le pose. J'ai déjà décroché... J'ai essayé, le monde selon Garp et l'hotel New Hampshire.
it's not my time?
ça me faisait la même chose avec Joyce Carol Oates, avant que je devienne tout simplement accro...
Georges: j'ai connu quelque chose d'assez semblable avec la peinture du Caravage. Maintenant, je ferais de gros détours pour aller voir un de ses tableaux.
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