mercredi 2 mars 2011

Dîner

Ce soir, j'ai bu du vin blanc. Je n'ai pas sommeil. Au restaurant, avec Marie-Claire, nous avons longuement bavardé, comme toutes les fois, rares, que nous nous voyons. J'ai attendu dans son cabinet qu'elle ait fini sa dernière consultation et nous sommes allés manger près de la place Lyautey. Un restaurant qui ressemble un peu à la Brasserie des Brotteaux où nous avions dîné il y a quelques mois.

Elle revient d'un voyage en Turquie, à Patmos et Ephèse, sur les pas de Saint Jean, qui l'a beaucoup marquée. Mais ce qui m'a le plus touché, c'est ce qu'elle m'a dit sur son désir d'écrire, nouveau pour elle qui s'est longtemps mutilée de ce côté-là. Après avoir été éjectée salement du centre scolaire où je travaille, elle a suivi une formation de psycho et est maintenant apaisée sur ce passé douloureux. La voir partante pour ce voyage dans les mots m'enchante.

Soirée douce avec une femme apaisante qui ne juge rien ni personne et sait écouter et prendre le recul nécessaire quand il s'impose. Nous avons trois mois d'écart, presque jumeaux, et suivons des chemins parallèles et différents à la fois. Aux beaux jours, j'irai la voir dans sa belle maison de l'Isère, où j'avais emmené Kicou peu de temps avant sa mort. C'est avec Marie-Claire que nous avons partagé les derniers moments de vie de notre amie à l'hôpital des Charpennes, lorsqu'on l'avait admise dans un service de soins palliatifs. Je l'avais appelée et nous étions ensemble allés lui rendre visite dans sa chambre en semi-pénombre. En sortant, nous avions compris tous deux qu'elle venait de nous dire adieu. Elle y est morte deux jours plus tard.

Marie-Claire avait alors écrit cet adieu pour Georges, le mari de Kicou. Elle m'avait ensuite lu de grands extraits de cette lettre et avait, elle, su trouver les mots que moi, je n'ai jamais pu tracer.

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