dimanche 13 mars 2011

Assèchement

Entendu ce matin sur France Inter Antoine De Caune lisant des textes de Laurent Chalumeau, dont certains de son roman de 2010, Bonus. Surpris par ce qui y était dit. Je ne connais pas cet auteur mais il semble que, d'après lui, il est préférable d'employer constamment le verbe "dire" comme verbe introducteur des dialogues plutôt que des verbes plus expressifs et variés. De même, pas de descriptions sous prétexte qu'elles ne servent à rien et que personne ne les lit. Ainsi, tout ce qui pourrait éloigner de ce que disent les personnages serait à proscrire pour le plus grand bonheur du lecteur.

Bien évidemment, je ne partage pas du tout cette opinion. Je m'évertue à longueur de cours à ce que mes élèves enrichissent intelligemment leur vocabulaire, en particulier pour annoncer un dialogue, ce qui constitue pour eux la partie la plus ardue de l'écriture. D'autre part, moi, je lis les descriptions, en particulier dans les romans modernes. Que l'on passe sur certaines longueurs ce ces descriptions chez Balzac, Hugo ou Zola, je veux bien le comprendre. Mais que l'on en vienne volontairement à assécher un texte, là, je ne comprends pas.Pour moi, la description, outre son utilité évidente, fait partie intégrante du plaisir de la lecture. Je pense même que c'est là que l'on reconnait de véritables écrivains par opposition à des tacherons de la plume ou du clavier.

J'irai sans doute, un jour ou l'autre, faire un tour du côté de ce monsieur pour vérifier si le résultat obtenu est à la hauteur de ses espérances.

8 commentaires:

christophe a dit…

J'ai quant à moi beaucoup de mal avec les bouquins qui se résument (ou presque) à une série de dialogues. C'est généralement amplement suffisant pour que je le repose sur le présentoir. Je ne réclame pas nécessairement des pages et des pages de descriptions du mobilier ou des vêtements des personnages, mais j'aime entendre la voix d'un narrateur...

Cornus a dit…

Je suis d'accord avec toi et avec Christophe, même si dans certains passages du roman (seulement certains passages), on peut être amené à une forme d'assèchement.

Calyste a dit…

Christophe: je suis en train de lire le dernier roman de John Irving, "Dernière nuit à Twisted River". Pour l'instant, je me régale Et c'est une voix qui m'accompagne depuis longtemps.
Cornus: bien sûr. J'aime les romans qui parviennent à une certaine quintessence, par un style épuré et exigeant. "La Princesse de Clèves", par exemple, que tout le monde connait maintenant grâce à qui tu sais!

charlus80 a dit…

mais que quasiment personne n'a lu admettons le!!

Calyste a dit…

Charlus: et c'est bien dommage!

charlus80 a dit…

Ô tempora Ô mores!!!
Cela étant je suis en train de lire, entre deux cartons, James Ellroy ''American tabloid''. C'est une écriture à la hache, nerveuse, sans fioriture aucune. Quasiment que des dialogues reliés par le strict nécessaire. Et c'est extrêmement fort. Je crois que chaque écrivain a son style. C'est le talent qui fait la différence. Reste que c'est le goût du lecteur qui reste primordial.
Vivement que mon déménagement soit terminé et que je puisse reprendre une lecture plus calme de mes livres et de mes blogs...

Calyste a dit…

Charlus: étrangement, je me sens mal chez ce grand auteur américain. Il me met mal à l'aise. Je n'éprouve ce sentiment que pour de rares écrivains, ou de rares morceaux de musique, et je n'en connais pas la cause.
Bon déménagement! Je comprends parfaitement ce que tu ressens en ce moment!

Lancelot a dit…

En fait, tout est une question d'équilibre, non ? Bien sûr, un livre uniquement descriptif risquerait d'être indigeste, mais comme le dit Christophe, une oeuvre centrée sur le dialogue peut tout aussi vite fatiguer. C'est amusant, en vous lisant sur ce coup-là (surtout la dernière remarque de Christophe), je me reonds compte que moi aussi, je feuillette sans lireavant d'acheter et que mon regard est plus facilement attiré et conquis par une juste répartition des genres au fil des pages. Même si ce n'est pas une garantie de qualité, bien sûr. Aprés, je rendre dans le texte. mais il y a toujoursce petit moment préalable du "feuilletage".

Laurent Chalumeau, en voilà un nom d'auteur qui me ferait peur avant même d'ouvrir le livre !!!!