Des rangées de petites villas d'avant guerre, celles au bord de la route, séparées d'elle par un trop mince trottoir; celles du piémont, au terrain en pente rejoignant les jardins plats des premières. Puis la voie ferrée et les villas plus huppées qui s'étagent sur la colline. Tout un quartier sur ce plan. Plus loin, les grands palaces d'autrefois font des trouées dans leurs parcs jadis savamment entretenus. L'un d'entre eux tombe en ruines.
Aix-les-Bains est une ville triste, que je n'aime pas, que je n'ai jamais aimée. Émile a élu domicile ici, dans une de ces petites maisons le long de l'avenue, un feu tricolore à hauteur de fenêtre de cuisine. Le jardin, derrière, est encore un pré stupide et sans grâce, c'est-à-dire sans arbres. Les deux villas voisines sont tout aussi laides. La terrasse de l'un d'elles foisonne de décorations hétéroclites et démodées: un petit nain de jardin poussiéreux aux couleurs fanées par la pluie; dans une cage d'osier suspendue, une tourterelle en plâtre qui achève de noircir de pollution; des épis de maïs séchés, desséchés; un autre oiseau de plâtre, posé à même le sol et des serpillières mises à sécher à la rambarde, un tapis de salle de bains qui a connu des jours meilleurs. De la laideur ordinaire dont on ne se préoccupe même plus.
Après une longue promenade au bord du lac du Bourget, seul moment où j'ai vaguement retrouvé l'Émile d'autrefois, j'ai passé mon temps à dormir, assommé de la fatigue qui me submerge depuis quelques jours et me rend absent même à mes amis. Revu Psychose en pointillés, commencé le dernier roman d'Irving, dormi dans le fauteuil, sur la chaise, dans le lit. Rêvé de rentrer à Lyon le plus vite possible, malgré le soleil. Il y a des rendez-vous qui se manquent.
mardi 8 mars 2011
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3 commentaires:
Le lac du Bourget me laisse sans voix mais Aix, je suis un peu comme toi : l'été est abominable avec tous ces curistes, je trouve que c'est une ville molle pour vieilles souches, et il faut voir les dames se montrer en terrasse - Ciel qu'elles ont l'air de s'ennuyer!
Kranzler: la tristesse venait aussi, paradoxalement, des retrouvailles avec un vieil ami.
"...dans une cage d'osier suspendue, une tourterelle en plâtre qui achève de noircir de pollution" : j'adore. A ranger dans mes petites perles d'amis...
Ben alors mon lapin ? Toi aussi t'es narcoleptique ? Faut secouer tout ça...
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