dimanche 27 mars 2011
Tourner des pages
Cet après-midi, j'ai appris par mon frère la mort il y a un mois d'une de mes anciennes amies, disparue de ma vie depuis une dizaine d'années, au moment de la maladie de Pierre. Elle n'a pas su ou pas voulu comprendre le désarroi où je me trouvais alors. Au lieu de forcer mon silence dû au mal être, elle m'a dit le "respecter", alors que j'aurais aimé l'entendre, elle surtout dont j'étais si proche. Je ne le lui ai pas pardonné. Je l'ai aperçue une fois pendant ces années, chez le dermatologue. Je n'ai rien fait pour qu'elle me voie. Je crois que c'est la première personne que j'ai volontairement rayée de ma vie. Aujourd'hui, la nouvelle de son décès me touche mais ne m'affecte pas. Chose curieuse: il y a un mois, justement, je me suis débarrassé d'un beau lampadaire qu'elle m'avait donné. J'apprends peu à peu à tourner des pages.
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8 commentaires:
Tu soulèves ici une question qui me semble importante. On ne sait jamais si l'on n'est pas intrusif quand on demande des nouvelles à l'autre qui est en souffrance. Je pense pour ma part que j'aurais eu peur de déranger.
Et par ailleurs, je dois dire aussi que la maladie fait peur, comme si elle étaitr contagieuse même quand elle ne l'est pas. Je suis bête, mais quand ma grand-tante s'est retrouvée à l'hôpital, je suis allé la voir une fois, mais après, j'étais tellement mal à l'aise de la voir ainsi que je n'ai plus voulu aller la voir. Je ne suis pas très fier de moi, mais c'était vraiment un sentiment terrible qui s'emparait de moi.
Et curieusement, quelques années plus tôt, le fait de voir ma grand-mère, qui était dans un état bien plus grave ne m'avait pas fait cet effet morbide. Va savoir, il y a peut-être des lachetés que l'on peut difficilement contrôler.
Voilà, je suis désolé et vraiment triste de te dire ça. Pardon.
Cornus: c'est un silence qui a duré, longtemps. Quant aux visites aux hôpitaux, je m'y suis fait, comme à tout. Il n'y avait pas d'alternative. Mais je supporte mal certaines paroles à ce moment-là, comme celles qu'a prononcé un ami de Pierre alors qu'il allait très mal: "Je ne vais pas le voir, ça me rend malade!". Ce à quoi j'avais répondu que, bien sûr, entre un mourant et lui, le plus malade des deux, c'était lui. Pardon de te dire ça également, mais j'en ai trop bavé à une époque.
Je te prie de bien vouloir m'excuser Calyste pour avoir rajouté une couche à ta blessure. J'ai eu tort de présenter les choses ainsi.
Je précise par ailleurs que même si on ne va pas à l'hôpital, il y a d'autres moyens pour témoigner son amitié.
Sinon, je prends bonne note de que tu m'as dit là et je m'en souviendrai le moment venu, c'est une certitude.
Cornus: non, tu n'as pas à t'excuser je suis au contraire toujours très touché par ta franchise. Garde-là bien, elle m'est précieuse.Et puis la blessure est refermée. Je t'embrasse.
Merci, tu m'as sérieusement fait réfléchir... Reçois mes amitiés chaleureuses.
Cornus: acceptées, avec grand plaisir!
La réponse que tu fais à Cornus en citant le 'copain' : "je ne vais pas le voir, ça me rend malade" me rappelle, toutes proportions gardées, une autre histoire, avec mon premier mec : il m'avait laissé dans le silence pendant des mois, et ça m'avait donné envie de mourir. Je ne pouvais pas prendre l'initiative de le rappeler, parce qu'il était marié. Les portables n'existaient pas à l'époque. Et quand on s'était reparlé, il m'avait dit qu'il ne m'avait pas rappelé parce qu' "il ne savait plus où il en était". Je n'avais pas eu la présence d'esprit, ou le courage, de lui répondre, que moi, pendant ce temps, laissé comme un chien sans nouvelles, je le savais vachement bien, où j'en étais, par comparaison.
Que dire du silence ? Je l'ai pratiqué, moi aussi. Quelquefois volontairement, quelquefois pas. C'est dur aussi de blâmer, quand on peut se voir faire le même reproche un jour. Je n'ai pas d'avis bien tranché sur la question.
Lancelot: je trouve qu'il n'y a rien de plus insultant que le silence. Se heurter à ce mur est insupportable!
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