Mes rapports au cinéma sont assez ambigus. En fait, je n'y vais pas souvent: même pas une fois par an. Par flemme, essentiellement. A une époque, j'étais abonné à un ciné-club italien, où l'on projetait de vieux films sous-titrés et, toujours, dans la sélection, un film récent. Ça aussi, c'est fini. Devant la télévision, j'ai du mal à me concentrer longtemps sur ce que je vois. Je crois que le cinéma, pour moi, est resté indissociablement lié aux ouvreuses à qui l'on donnait une petite pièce (et qui ne savaient pas combien cela me coûtait, vu l'état de mes finances), au rideau que l'on tirait quand le film allait commencer, au documentaire avant la projection, au grand panneau avec le mineur de Jean Lumière, aux publicités peintes et aux caramels mous vendus à l'entracte. Aujourd'hui, l'émerveillement n'est plus que rarement là et je ne vois dans le septième art qu'une grosse machine commerciale.
Mais j'ai toujours aimé les acteurs, qu'ils soient américains, russes, italiens, anglais ou français. Je ne m'intéresse pas à leur vie privée, à ce qu'ils jouent, aux personnages qu'ils incarnent, et je retiens facilement leur nom et leur visage, sans le faire exprès, un peu comme je retiens les chiffres, jusqu'au tatouage dans l'oreille de mon chien autrefois.
Je ne suis pas spécialement attaché à tel ou tel réalisateur, même si certains me plaisent plus que d'autres. Je n'ai pas ce snobisme-là. Il m'arrive souvent de verser quelques larmes sur des scènes que j'aime et qui me touchent. La Plume cite dans son billet un film de Kalatosov, Quand passent les Cigognes. Un film que je n'ai pas revu depuis des années et qui m'avait profondément marqué. Il y avait aussi La Ballade du soldat de Tcoukraï. J'aime également Bergman et les films noirs américains d'avant-guerre. En somme, des goûts assez éclectiques que je ne peux énumérer par risque d'être trop long.
Je regrette de ne plus me rendre aussi souvent dans les salles que lorsque j'avais entre dix-sept et vingt ans et que je me faisais une boulimie de séances. Tiens, je me souviens encore du choc en découvrant Ma Nuit chez Maud d'Eric Rohmer dans un cinéma paroissial. Ce qu'ils étaient beaux, Trintignant et Fabian, dans ce film-là et la façon théâtrale qu'ils avaient de dire leur rôle m'enchantait à l'époque.
Je pourrais continuer ainsi longtemps mais demain, on change d'heure. Alors dodo. Amis du cinéma (et les autres), bonsoir.
samedi 26 mars 2011
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8 commentaires:
Ah oui, Ma nuit chez Maud, et Rohmer en général, je les ai oubliés dans mon petit panthéon perso, et pourtant ! Pour les mêmes raisons que tu dis, la richesse et l'élégance des dialogues, le phrasé, l'élocution, l'espèce de distance que les acteurs mettaient entre leur jeu et leurs mots, qu'est-ce que j'aimais !
Ah comme toi je passais mes journées dans les salles obscures de Strasbourg et d'ailleurs. J'adorais aussi les films où les acteurs déclamaient et je me souviens avec ravissement "des journées dans les arbres" de Marguerite Duras.
Quand passent les cigognes m'est devenu mythique. Je l'ai vu en catimini, sur notre téléviseur noir et blanc, minuscule, que je n'avais pas le droit de regarder sans l'autorisation absolue de mes parents, et bien entendu j'avais passé outre. Je me souviens de larmes que je séchais subrepticement pour ne pas les alerter sur cette violation. Je ne me souviens par contre plus du tout de l'histoire.
Je ne vais quasiment plus au cinéma, sauf dans les salles où je suis sûre de ne pas baigner dans un brouhaha de mal polis et des odeurs de popcorn écœurantes.
ton poème est édité chez moi!!
La Plume: ce matin, justement, sur France Inter, une émission avec Françoise Fabian.
Valérie: moi aussi, je me cachais pour regarder la télévision, parfois avec la complicité de mon père.
Charlus: vu et lu. J'ai vu ton explication chez La Plume (je suis curieux!).
Je n'ajouterais rien par rapport à ce que j'ai déjà dit chez Plume, sinon que je crois que nous allons un peu plus souvent au cinéma que toi (même si nous y allons peu).
Cornus: oui, j'en ai bien l'impression.
Finalement tout ça est fort nuancé... J'ai entendu un bout de Fabian aussi, je ne sais plus où j'ai vu cette femme mais elle m'a laissé une trace mémorielle.
Karagar: oui, je tenais à un peu préciser mes sentiments vis à vis du cinéma. Je suis heureux que Fabian t'ait marqué: c'est effectivement une femme qu'on oublie difficilement.
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